vendredi 17 décembre 2010

Numéro de Décembre 2010

Tragédie WikiLeaks. Des milliers de responsables prennent feu et fuient la lumière du jour.
WikiLeaks emmerde le monde
Comme chacun sait, une organisation opaque qui ose protéger ses sources des intentions bienveillantes gouvernementales, WikiLeaks, a dévoilé des centaines de cables diplomatiques, parmi les 250 000 qu'elle possède, laissant aux internautes la liberté de télécharger et lire ces documents, et s'associant avec des journaux importants pour accomplir un effet maximum.
Une partie des médias français s'est indignée de cette transparence totalitaire, de ce vol d'informations 'secrètes'. Et c'est bien vrai. Est-ce que nous avons oublié l'Allemagne Nazie, et le totalitarisme? Pas de vie privée, n'importe qui pouvait être pourchassé, comme les Juifs le furent.
Et bien, les gouvernements sont les Juifs de notre époque, et ils ont simplement peur que le peuple les pourchasse avec des lois tyranniques comme celles qui interdisent le vol des informations de cartes bancaires, la vente de prisonniers de guerre de Guantanamo, ou des attaques meurtrières sur un village au Yémèn où les victimes sont toutes des civils. Des révélations de WikiLeaks dont nous nous félicitons que nombre de médias français ont eu la lâcheté de ne pas discuter, avec une soumission qui ferait honneur à l'esprit collaboratoire.
Comment voulez-vous que des criminels aient des discussions ouvertes entre eux, sur les magouilles qu'ils planifient dans le dos de leurs peuples, si les gens peuvent simplement écouter ce qu'ils se disent?!
C'est tout simplement infaisable! Nous devons restaurer l'opacité et l'irresponsabilité dans la gouvernance, pour que les états du monde entier puissent faire leurs saloperies en toute tranquillité, et raconter un joli conte de fées au reste du monde.
Nous devons rester ignorants des activités du gouvernement et faire confiance aux autorités qui ne veulent que notre bien. C'est comme cela que la liberté sera sauvegardée, avec une citoyenneté ignorante et aveugle, et un pouvoir sans limite qui veille sur tous. Tous avec Big Brother!

Des lois contre les droits

Deux projets de lois sont actuellement en discussion au parlement, une quatrième loi sur l'immigration, et une deuxième « loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure », dite LOPPSI 2.
Le projet de loi sur l'immigration prévoit notamment de donner plus de pouvoir à l'administration pour expulser, y compris de manière illégale, moins de pouvoir de contrôle pour le juge, et moins de possibilités de recours pour les personnes de nationalité étrangère.
Ainsi, l'administration pourra garder plus longtemps en centre de rétention les étrangers qu'elle souhaite expulser, le juge ne pourra contrôler que plus tard la légalité du placement en rétention (une partie des personnes auront déjà été expulsées lorsque le juge interviendra), et les pouvoirs du juge seront limités (il pourra annuler le placement en rétention seulement s'il est « gravement illégal », pas s'il est un peu illégal ; l'administration a donc le droit de violer la loi, si elle le fait seulement un peu).
Les zones d'attente existent dans les ports et les aéroports. Ce sont des bouts de territoire français qui sont considérés à l'extérieur de la frontière, cette invention juridique permettant de refouler plus facilement des étrangers, parfois même s'ils ont des visas en leur laissant peu de possibilités de recours. Le projet de loi prévoit que les préfets pourront créer des zones d'attente partout où sont trouvés des étrangers en situation irrégulière.
Le projet de loi prévoit aussi d'étendre les possibilités de perdre la nationalité française, de rendre quasi impossible l'obtention d'un visa pour raisons médicales, une interdiction de séjour pourra être prononcée contre les étrangers, qui pourra aussi bien concerner des gens habitant en France depuis des années, ou des étrangers mariés à des français.
Le projet LOPPSI 2 porte sur de nouvelles mesures pour le fichage des citoyens, la vidéosurveillance, le filtrage internet, pour le contrôle des e-mails et des ordinateurs, l'aggravation des peines de prison (peines minimales), des possibilités de mesures de surveillance après la sortie de prison, des mesures de couvre-feu applicables aux mineurs, le renforcement des pouvoirs des polices municipales, la création d'une « réserve civile de la police » et d'un « service volontaire citoyen » - sans qu'on sache vraiment à quoi vont servir ces nouveaux auxiliaires de police.
Et bien sûr quelques mesures visant spécifiquement les pauvres : la vente à la sauvette devient un délit passible de 6 mois de prison et 3750 € d'amende, et le préfet pourra décider l'expulsion sans jugement des occupants illicites d'un terrain (sont visés aussi bien les SDF qui vivent dans des tentes ou des cabanes, les migrants qui habitent des cabanes, les campements de Roms, les gens qui choisissent de vivre en yourte, etc.)
Bonnes fêtes de fin d'année.

Plus d'informations sur le projet de loi sur l'immigration:
www.gisti.org/IMG/pdf/hc_analyse-pjl-besson-20100330.pdf
www.lacimade.org/assets/0000/2014/analyse-pjl-besson-.pdf
www.syndicat-magistrature.org/analyse-critique-du-projet-de-loi.html
Pétition contre le projet de loi sur l'immigration:
http://www.petitionenligne.fr/petition/exigeons-le-retrait-de-la-loi-besson-/381

"Je nourris un pauvre et l'on me dit que je suis un saint. Je demande pourquoi le pauvre n'a pas de quoi se nourrir et l'on me traite de communiste". - Dom Helder

Rébellions et évasions

Les détenus des centres de rétention de Vincennes et Mesnil Amelot réclament le droit de vivre et d'être en France.
Les centres de rétention administrative, CRA, sont des prisons qui n'en portent pas le nom.
Un étranger en manque de papiers peut s'y retrouver directement après une garde à vue sans voir un juge des Libertés qui pourrait contester la légalité de son arrestation. Des mesures d'expulsion sont parfois prises sans que les détenus puissent bénéficier des recours légaux auxquels ils ont droit.
Le gouvernement accélère les procédures au mépris des droits juridiques pour réaliser son quota de 30 000 expulsions pour 2010.
Les drames humains se multiplient avec des expulsions de personnes ayant des attaches de longues dates, leur famille, sur le sol français, comme Najlaé, jeune fille de 19 ans renvoyée au Maroc après s'être présentée au commissariat pour déposer plainte contre des violences de la part de son frère.
Les centres de rétention sont remplis au delà de leur capacité grâce à l'acharnement gouvernemental et policier contre les sans papiers.
Au CRA de Vincennes les détenus ont commencé à se rebeller. Ils dénoncent les maltraitances qu'ils subissent, réveil en pleine nuit avec des hauts parleurs, manque de soin, aliments périmés, refus des visites familiales. Sept d'entre eux se sont évadés fin novembre. Une grève de la faim s'est organisée. Ils dénoncent leur détention abusive et réclament leur libération.
Au CRA du Mesnil Amelot, les détenus appellent également à l'aide: pas de chauffage, manque de respect de la part des policiers, saleté des lieux.
La plupart des détenus savent que ce qui les attend c'est l'expulsion vers le pays qu'ils ont fui ou vers un pays tiers qui collabore contre finance à la politique inhumaine de notre gouvernement.
Le nombre d'expulsion d'étrangers est présenté comme un "record" dont la France devrait s'enorgueillir. Le gouvernement veut convaincre l'opinion publique que les personnes en situation irrégulière doivent tous être expulsées, qu'elles représentent un danger et sont la cause de tous les problèmes sociaux et économiques du pays.
Mais ce discours populiste ne berne plus grand monde.
Les détenus des CRA ont raison de se rebeller. Ils ne sont ni des délinquants ni des criminels.
Ils ont droit à la liberté !
Informons-nous, soutenons-les !

Une émission de France Culture sur le CRA du Mesnil-Amelot:
http://www.franceculture.com/emission-les-pieds-sur-terre-centre-de-retention-2010-12-07.html

Prochainement à Calais
Premier conseil des policiers
Les conseils des migrants, c’est quoi?
C’était une promesse de campagne de Natacha Bouchard et après son élection à la municipalité de Calais, un premier conseil des migrants a eu lieu en septembre 2008. 
Le but déclaré de ces réunions est d’améliorer le quotidien des migrants, en collaboration avec les associations humanitaires qui s’évertuent depuis la fermeture du camp de Sangatte à fournir le minimum vital aux personnes errant dans Calais.
Jamais aucun migrant, depuis 2 ans, n’a été convié à participer à un conseil des migrants.
Quelles avancées suite à ces réunions?
- Le lieu de distribution des repas à été déplacé dans un espace fermé rue de Moscou. Les anciens lieux, le hangar Paul Devot au pied du phare, et le quai de la Moselle derrière la mairie, étant bien trop visibles au gout des autorités. La police peut y intervenir comme des fauves près d'un point d'eau sans se soucier d'être vue de la population.
- Les douches dont les migrants pouvaient bénéficier au compte goutte rue Anatole France sont maintenant à la limite de Calais sur le terrain des gens du voyage.
- Le secours catholique a du plier sous le chantage municipal et abandonner son idée d'accueillir les personnes fragiles au Virval, pour le faire plus loin, vers le lycée agricole aux Attaques.
- Dès l’automne 2008, la municipalité a enchainé les arrêtés municipaux (sans toujours s’occuper des délais et autorisations légales requises) pour fermer les squats des migrants. Le squat de l’ancienne usine Pagnié sera ainsi fermé puis réoccupé plusieurs fois.
La volonté de détruire tout lieu de vie collective est claire. Chaque bâtiment en ruine occupé finit par être racheté par la municipalité. Mais celle-ci n’hésite pas non plus à envoyer ses services municipaux nettoyer des lieux privés après les rafles des CRS ou des policiers de la PAF.
Et il n’est pas rare pour les migrants de devoir récupérer leurs affaires personnelles et les kit de survie des humanitaires à la déchetterie.
Actuellement c'est le squat des soudanais dans l'ancienne usine Thélu qui subit les attaques des autorités. Casse des quelques vitres restantes, gazage régulier des affaires, rafles quotidiennes des habitants. Pourtant ils ne dérangent personne en se mettant à l'abri dans cette friche industrielle...
Le conseil des policiers, ce sera quoi?
Y seront recensés tout abus, tout excès de zèle, toute exaction policière commise en uniforme ou en civil, contre les migrants et les militants qui soutiennent leurs droits, mais aussi contre les jeunes, les SDF, les syndicalistes, les manifestants…
Nous dénoncerons tous les faits des forces de l’ordre qui seront en contradiction avec la Convention de Genève et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, le droit d’association, de réunion, d’expression et de manifestation.
Y seront invités tout témoin, toute victime, et toute personne prête à s’investir pour protéger nos droits humains et civils contre une certaine forme de totalitarisme.
Plus d’infos au prochain numéro….

Tasmania

En septembre 2009, le conseil d'Etat avait annulé le décret autorisant le taser aux policiers municipaux, considérant que son usage était insuffisamment encadré juridiquement et présentait des dangers pour la santé.
Mais depuis mai 2010, un décret de Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, rétablit le droit aux municipalités de décider d'équiper leurs policiers de taser.
Ceux qui utilisent le thème de la sécurité comme pilier de leurs campagnes électorales, laissent entendre qu'il n'y a pas d'alternatives entre l'arme à feu et la nouvelle arme "non létale".
Et il est clair que face à ce choix, chacun préfèrera voir les policiers armés de taser plutôt que de Sig-Sauer.
Mais c'est oublier que les polices municipales, à leur création, n'étaient pas armées...
Et la prévention dans tout ça?
Quelle société voulons-nous?
Caméras de surveillance, répression et robocops à chaque coins de rues? Police dans les écoles pour palier au manque d'enseignants et de surveillants?
Grilles entourant les quartiers des privilégiés et zones de non-droit où les populations moins solvables sont laissées à l'abandon?
La dérive sécuritaire en France montre bien la décadence de nos sociétés dites civilisées.
Soyons vigilants, surveillons les ordres du jour des conseils municipaux.
Madame Bouchart, si proche du pouvoir actuel, décorée en novembre de l'Ordre du Mérite, pressentie pour devenir sénatrice, pourrait, pour plaire à ses chefs, décider de faire voter l'utilisation du taser à Calais...

Si vous souhaitez nous suivre, recevoir le journal en format PDF, ou simplement réagir à nos articles, vous pouvez nous envoyer un email à sansfrontieres.calais@gmail.com
Une copie du journal est en ligne au blog suivant: http://sansfrontieres-calais.blogpost.com, commentaires bienvenus!

“La seule charité sans teinte est la justice. La charité est atteinte par les symptômes; la justice par les causes.” - Frank Crane

Le Chancre de la Frontière

C'est dimanche. L'après-midi, les familles vont se promener sur le port. On regarde les bateaux partir ou arriver, on se salue, on bavarde, on profite du soleil.
C'était hier. Aujourd'hui, le port est un espace coupé de la ville,
entouré de clôtures et de mécanismes de surveillance impressionnants.
La frontière s'est fermée, coupant le port de la ville.
Mais la frontière n'a pas seulement coupé le port de la ville. La frontière a envahi la ville. Une frontière fermée bloque et refoule.
Bientôt ceux dont le Royaume-Uni n'a pas voulu se retrouvent à errer dans les rues de la ville, à dormir dans les parcs et dans les dunes. Refusés par l'Angleterre, mais indésirables en France. Et bientôt, la violence s'installe. La police quadrille la ville de jour comme de nuit, arrête les personnes, les brutalise souvent, détruit les abris. Une compagnie de CRS est spécialement affectée à cette tâche, en soutien à la police aux frontières, en lien avec la police nationale. Qui dira la trace que laisse dans la tête de chaque Calaisien cette violence quotidienne qu'on peut ne pas voir mais qu'on peut difficilement oublier? Qui sait si la frontière n'est pas venue se nicher dans l'esprit de chacun, orientant jusqu'au regard de ceux qui ne veulent pas voir?
Et puis la frontière se répand, dans tous les ports menant au Royaume-Uni, à Dunkerque, Boulogne, Ouistreham, Cherbourg, Saint Malo, Roscof, en Belgique, à Ostende et Zeebruges. La frontière se répand à l'intérieur des terres, près des aires d'autoroute où l'on peut tenter sa chance de se glisser dans un camion et – peut-être – de franchir ainsi caché la frontière fermée. Saint-Omer, Norrent-Fontes,
Steenvoorde, Angres, Marquise, Roclaincourt. Partout des abris de
fortune, dans les dunes, les bois, les fossés, parfois moins de
précarité quand les associations le peuvent ou quand la mairie le veut
bien. Et partout police, arrestations, violence.
Et la frontière se répand dans les gares, police britannique à l'accès des trains vers le Royaume-Uni, police française dans les gares et les trains vers le littoral.
Frontière des contrôles au faciès – comment arrêter les sans-papiers
sans contrôler, jour après jour, tous ceux qui ont l'air pas français.
Frontière de la solidarité,transformée en délit, la menace pour tenter d'isoler. Isoler les sans-papiers du reste de la population, isoler ceux qui aident de ceux qui ont peur. Isoler et faire taire. Aider en silence, puisque c'est interdit.
Frontière du quotidien. Quand vous dormez dehors, quand vous prenez l'apparence d'un clochard, on vous donne parfois un bout de pain, on
parle bien plus rarement avec vous.
Autant de murs à briser.

 Vendredi 3 décembre, -7°, trois hommes de couleur noire se font contrôler par les CRS, compagnie 3, dans la rue Mollien. Selon les dires des policiers rapportés par le journal, le contrôle d'identité aurait mis en colère l'un des trois hommes qui aurait insulté, agressé l'un des policiers. Comparution immédiate: 8 mois fermes.
Selon les organisations des droits humains, mis à part les skins, les policiers français qui tabassent les gens, se plaignent immédiatement d'outrages et de rébellion pour se couvrir d'une possible plainte de leur victime.
Selon le code pénal, les policiers doivent justifier leur contrôle d'identité sans invoquer la couleur de peau, ni la langue utilisée. Les CRS doivent de plus justifier leur contrôle dans les rues de Calais par un ordre du procureur qui détermine le type de contrôle, la zone et le temps du contrôle.
Samedi 4 décembre, les CRS chassaient les réfugiés à la sortie du local où les réfugiés sont hébergés.
Plus tard, ils arrêtaient à nouveau les gens avant qu'ils n'atteignent le terrain du repas.
Dimanche 5 décembre, au matin, même action pour empêcher les réfugiés d'aller manger, etc.


Calais Migrant Solidarity est un groupe transnational de militants qui apportent un soutien journalier aux migrants en difficulté, à travers de la surveillance policière, des rondes et des veilles autour des squats, jungles et campements, des donations de vêtements, des leçons d'anglais et de français, et d'autres actes de solidarité. Il y a grand besoin de Calaisiens! Prenez contact en envoyant un email à calaisolidarity@gmail.com
Tenez vous au courant en visitant le blog:
http://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/fr

Le fichier PDF est disponible à cette adresse: Sans Frontières Décembre 2010

Without Borders is available in PDF format here: Without Borders December 2010