samedi 13 août 2011

Eté 2011 Numéro Spécial

Lutte à Calais
Suite à la publication par Rue89 et les Inrockuptibles de vidéos témoignant du harcèlement à Calais, une suite de procès de militants no Border, trois en un mois, concernant cinq militants. Relaxe pour quatre d'entre eux, une seule condamnation, pour outrage, le plus improbable des délits, un policier dit qu'il a été insulté et le tribunal suit.
Dans la foulée de la publication des vidéos, No Border réalise un rapport basé sur deux ans d'action par rapport au harcèlement policier, photos, vidéos et témoignages à l'appui. Avec le soutien d'une vingtaine d'associations locales, nationales et internationales, le Défenseur des droits est saisi au moment de sa nomination. Il a ouvert une enquête, qui est aussi un test de son indépendance politique.
Autour, un collectif littoral D'ailleurs nous sommes d'ici se crée suite à un appel national contre le racisme, contre la politique d'immigration du gouvernement et pour la régularisation des sans-papiers. Il organise une manifestation le 28 mai, puis un débat public le 30 juin, occasion d'aller à la rencontre de la population à travers des distributions de tract généralement bien accueillies.
Et puis pour la deuxième fois le Jungletour, tour à vélo pour les droits des exilés, est l'occasion d'interpeller les politiques et l'opinion publique sur la situation, avec une insistance particulière cette année sur les violences policières.
Ces derniers mois, on a le sentiment que c'est le mouvement social qui prend la main.
Pourtant, après l'expulsion de Africa House le 27 juin, c'est la chasse à l'homme dans tout Calais pour rendre les exilés invisibles à l'ouverture de la saison touristique.
Réquisition d’un espace public
A côté de la mairie de Calais, tout le mois de juillet, une petite zone herbeuse entre deux voies ferrées, où seuls les piétons peuvent passer, s'est transformée en zone de liberté et de solidarité chaque matin vers 10h et chaque soir vers 20h, le temps d’un petit déjeuner et d’un repas chaud.
Le réseau des cantines mobiles militantes no border d’Europe du nord a décidé de palier au départ en vacances des asso humanitaires.
Depuis début juillet et jusque fin août, de la cuisine végétarienne est préparée avec et pour les migrants. La distribution en musique permet aux sans papiers et demandeurs d’asile de sortir de leurs cachettes, d’être ensemble, visibles de la population calaisienne et non camouflés derrière les grillages et barbelés du lieu habituel rue de Moscou imposé par les autorités.
Quelques calaisiens intrigués, amusés ou inquiets, s’arrêtent pour discuter, ou passent rapidement en acceptant le tract distribué, mais personne n’hésite à traverser l’espace et côtoyer de près ces migrants que la municipalité veut rendre invisibles.
Ils se rendent alors compte de la manipulation des autorités qui laissent entendre que les exilés sont dangereux, agressifs et sales…
La police rode autour, observe, décompte, photographie de loin, mais pour l’instant laisse faire Mais pour combien de temps?
Les associations officiellement autorisées à distribuer des repas aux migrants, au départ réticentes à collaborer avec les noborders, commencent doucement à passer outre les injonctions municipales et la peur de perdre leurs subventions, en ouvrant leurs réseaux de récupérations alimentaires aux anarchistes.
Le 1er août, le préfet Bousquet et Philippe Mignonnet ont envoyé leurs chiens de garde interdire aux réfugiés de s'asseoir. Pratiques totalement illégales dans notre pays qui n'est pas encore fasciste.
Les distributions des cantines continuent malgré tout.
Contactez nous et venez sans hésiter participer à ces moments de solidarité active pour les aider à passer la frontière.

L'autre interdiction: la prohibition de l'alcool aux Etats-Unis
Un récent article de Slate.fr [1] revient sur la période de la prohibition de l'alcool aux Etats-Unis, et sur une pratique particulièrement répugnante du gouvernement, dont nous vous donnerons les détails bientôt.
Rappel historique: Dans les années 20, le gouvernement des Etats-Unis, emporté par une fièvre moralisatrice, décide d'interdire la consommation d'alcool. La pratique ne disparaît pas, contrairement à ce que les naïfs supporteurs de la mesure escomptaient. Au contraire, la consommation d'alcool se fait de manière plus brutale: la mafia s'empare du marché noir ainsi créé, et les cadavres s'amoncellent suite aux guerres de familles pour son contrôle, et bien entendu la corruption des autorités suit l'enrichissement des mafias. Exactement comme aujourd'hui avec les diverses mafias autour du passage des frontières.
Une autre conséquence de la prohibition est la dangerosité de la consommation: les cocktails sont beaucoup plus puissants, pour atteindre l'ivresse plus rapidement et de manière plus furtive. Egalement, les brasseries clandestines sont beaucoup moins sujettes à contrôle par les consommateurs, et des alcools dangereux entrent donc en circulation.
Mais une troisième chose vient rendre la consommation d'alcool dangereuse: le gouvernement, frustré que personne ne suive l'interdiction, décide carrément d'empoisonner les alcools industriels, qui sont à l'époque volés et recyclés par les contrebandiers. Pour effrayer les gens et mettre un terme à la consommation. Résultat? "En 1933, à la fin de la Prohibition, on estime que le programme d'empoisonnement fédéral avait fait —au moins— 10.000 morts."
Si le sujet est complètement différent, ce programme d'empoisonnement est une autre illustration du principe énoncé dans l'article "Nique la Police" du premier numéro du journal Sans Frontières: "Plus le droit est tyrannique, plus la violence est le seul ressort que l'Etat peut utiliser pour le faire appliquer." Ici, le gouvernement américain n'était pas seulement violent, il était génocidaire.
Oublions une minute que chacun a droit de consommer de l'alcool, et que le gouvernement lui-même violait la loi des lois, celle de la justice naturelle, et donc, que le gouvernement en proclamant l'interdiction de l'alcool, se mettait lui-même hors-la-loi. Oublions cela, et imaginons qu'en dehors de la prohibition illégale de l'alcool, le gouvernement avait respecté la loi.
Dans ce cas, il n'aurait eu aucun moyen de mettre en place son interdiction, parce que la population aurait simplement pu l'ignorer et créer et consommer de l'alcool elle-même. Ce qu'elle a très précisément fait, comme elle en avait le droit. La même chose exactement est vraie pour les migrants. Sans intervention, et sans agression de l'état, les migrants se déplacent eux-mêmes, à leurs frais, sans l'aide ou l'accord de personne, comme ils en ont le droit.
[1] http://www.slate.fr/story/18199/prohibition-quand-le-gouvernement-americain-empoisonnait-les-buveurs-dalcool


La PAF paralysée le 2 juillet par 30 activistes

Face à l’insupportable attitude quotidienne des fonctionnaires de police de la PAF qui, souvent assistés de CRS, harcèlent, traquent, pourchassent et violentent les exilés et demandeurs d’asile à Calais et dans la campagne de la région, des activistes du réseau no border ont décidé d’une action symbolique de blocage du commissariat de Coquelles.
Situé dans la même enceinte que le centre de rétention et que le tribunal d’exception où ne sont jugés que des étrangers en situation irrégulière, dans ce commissariat sont enfermés chaque jour des personnes interpellées dans nos rues lors de véritables chasses à l’homme.
Vers 7 h du matin, le samedi 2 juillet, une trentaine d’activistes internationaux ont placé des chaines cadenassées aux différentes portes du complexe répressif. Deux lock-on de 150 et 300 kg ont été déposés face aux deux grilles d’accès des véhicules et des activistes s’y sont enchaînés.
Pendant deux heures, personne n’a pu entrer ou sortir du commissariat et du centre de rétention. Les opérations de police contre les migrants ayant souvent lieu le matin, on peut espérer que celles prévues ce jour-là aient été annulées.
Après des contrôles d’identité, la police a éloigné les activistes un par un, en les arrachant violemment au sol où ils s’étaient mis en position de chaîne humaine.
Nous dénonçons la brutalité et l’illégalité des interpellations au faciès, la justice expéditive du tribunal, l’existence des CRA qui servent d’épouvantail pour une population d’exilés condamnés à la clandestinité.
Nous condamnons les politiques répressives des gouvernements européens qui servent l’économie capitaliste et ses besoins de main d’œuvre sans statut légal.
Communiqué de presse:
http://lille.indymedia.org/article25618.html
Compte rendu de l’action:
http://lille.indymedia.org/article25629.html
Couverture médiatique FR3:
http://www.pluzz.fr/jt-12-13-nord-pas-de-calais-2011-07-02-12h00.html



Retour sur débat, première partie

Le jeudi 30 juin dernier, le Collectif D’Ailleurs Nous Sommes d’Ici organisait un débat public sur la régularisation et la politique raciste de l’état français. Près d’une trentaine de personnes s’y étaient déplacées, y compris un nombre non négligeable de non-associatifs.
La réunion a débuté avec 4 interventions d’une dizaine de minutes chacune, de représentants de plusieurs associations et collectifs liés à la lutte pour la régularisation. Il y avait donc la Marmite aux Idées, l’Auberge des Migrants, No Border, et une personne du MRAP.
Chacun a pris la parole pour dresser un portrait général de la situation, apporter son point de vue, son expérience personnelle, et également, détailler les derniers développements calaisiens, en particulier la saisine du défenseur des droits et l’enquête lancée le 29 juin, et la destruction de Africa House.
Hormis certains des anarchistes présents, il n’y avait pas d’opposant à la politique de régularisation des sans-papiers. La discussion était donc pendant la majeure partie du temps informative plutôt que polémique.
Par exemple, on a appris que le temps moyen de traitement d’une demande d’asile était de 2 ans et demi. Egalement, la ville de Calais est devenue une zone de non-droit où les autorités ne s’embarrassent plus d’aucun scrupule pour faire ce qu’elles veulent. Enfin, les militants et les migrants sont plus sévèrement réprimés depuis la saisine, et la parution de l’article de rue 89.
Beaucoup de choses ont été dites et il est impossible de revenir sur chacune d’entre elles. Le débat a bien été ouvert sur la régularisation, mais étonnamment (ou pas), par les supporteurs de la libre circulation. Ils voient en la régularisation un objectif irréaliste, et en tout cas une lutte différente de la liberté de circulation. Également, la régularisation passe à côté des effets pervers du contrôle des frontières, comme les violences, les morts et les mafias.
La question a également été posée du moyen de participer, pour ces habitants du Calaisis qui sont sympathisants, mais qui n’ont pas le temps ou l’énergie de faire du militantisme. Malheureusement, réponse ne fut pas donnée, puisqu’à l’heure actuelle il n’existe pas de moyen rapide et simple, autre que la contribution financière et le don de nourriture ou de vêtement. Les intéressé(e)s ont été invité(e)s à laisser leurs coordonnées.
Il a été remarqué par un membre du public qu’on “peut bien accueillir toute la richesse du monde, mais on ne peut pas accueillir toute la misère du monde.” Liant donc la problématique migratoire à l’exploitation des richesses du Tiers-Monde, dans un contexte oligarchique où la population générale est écartée du bénéfice naturel des ressources de son propre pays. Tout comme la liberté de culte implique la liberté de non-culte, la liberté de circulation implique la liberté de ne pas circuler. Et donc, de rester “chez soi.” (Nous reproduisons cela sans soutenir la thèse hitlérienne que le territoire national est un espace de vie collectif -la théorie du Lebensraum- comme la maison est un lieu de vie privée. D’où, d’ailleurs, le “chacun chez soi” du Front National.)
Nous sommes aussi liés à la lutte des migrants par notre situation de classe, en tant que travailleurs sous l’état capitaliste. “La question est qu’on est embarqué dans la même galère. Donc le fait qu’il y en ait qui rame pour d’autres, ça aide pas beaucoup. Prendre en charge des gens, ça épuise ceux qui prennent en charge, et c’est pas forcément un service total à rendre aux gens. Il faudrait créer quelque chose qui permette d’être ensemble.” Pour pouvoir faire ce lien, malheureusement, il faudrait que les migrants de Calais ne soient pas juste de passage. Très peu de migrants, donc, sont impliqués dans cette lutte de classe, par le fait de leur situation.
Un autre membre du public a expliqué que nos propres habitudes et notre style de vie contribuent à la pauvreté mondiale, qui peuvent pousser d’autres à s’exiler en Grande-Bretagne. Par exemple, notre consommation importante d’essence. Il y a donc matière à réfléchir à l’empreinte de l’énorme consommation énergétique occidentale, et à ses conséquences, mondialement. (Comme avec la guerre en Irak, qui avait pour but le contrôle des réserves Irakiennes.)
Une personne de Salam a fait remarquer, aussi, qu’il est “bien d’avoir de beaucoup de réflexion, de réfléchir à comment on va faire. Mais actuellement, c’est la nourriture qui compte pour eux. Il y a des gens de Calais qui font des réflexions! ‘Pourquoi vous les nourrissez?’ Il faudrait peut-être arrêter de les nourrir?’ ” Il est bien sûr important de nourrir les affamés. Mais les humanitaires, en nourrissant les migrants, réparent les pots cassés par l’état. Un autre membre du public a rappelé l’expérience de l’association qui avait cessé la distribution et exigé des pouvoirs publics qu’ils prennent leur responsabilité. La mairie en avait profité pour monter les autres associations contre cette première, et semer la discorde. L’action a échoué, et la distribution a repris.
Bien que l’un des intervenants tendait à minimiser le rôle de Madame Bouchart et de la mairie, un contraste a été dressé entre la situation à Calais où la maire est profondément hostile à la présence des migrants, et les destructions se suivent dans “une habitude d’illégalité au niveau du quotidien.” Et la situation à Norrent-Fontes, où l’autorité locale a adopté une position plus constructive, d’aide et d’accompagnement. Le fait que les services municipaux interviennent principalement pour détruire et voler freine probablement les élans de solidarité qui pourraient autrement voir le jour, même s’ils ne seraient pas à la même échelle que l’organisation quotidienne de centaines de repas.
Un anarchiste et une membre du NPA ont débattu des mérites de la liberté et de la régularisation. La régularisation permet d’avoir accès aux droits sociaux du pays. D’un autre côté, dit l’anarchiste, combien de personnes seront régularisées? Qu’adviendra-t-il des non régularisé(e)s? “_ C’est pour ça qu’il faut régulariser tout le monde. _ C’est pour ça que je dis que la régularisation est irréaliste.” D’autres tenteront de désamorcer le problème en pointant la possibilité d’un système de liberté de circulation couplée avec un système d’aide sociale. “Si par liberté de circulation, on entend que les gens seront libres de s’installer où ils veulent, de travailler, et d’avoir une retraite, alors ça veut essentiellement dire la même chose [que la régularisation.]“
Un membre de l’université a indiqué que le lieu du débat était plutôt bon, et qu’il serait heureux de voir d’autres rencontres et d’autres débats du collectif, qui pourrait faire le lien qui manque entre les associations humanitaires, et apporter un objectif plus politique à l’humanitaire. Egalement, le Collectif D’ailleurs Nous Sommes d’Ici serait assez pluriel pour demander à organiser des soirées de présentation, pour expliquer le travail accompli et à accomplir. Un appel à assister au procès du 12 juillet contre les militant(e)s No Border a été lancé, et le débat s’est plus ou moins terminé là-dessus. Plusieurs personnes ont laissé des coordonnées pour être jointes, et nous pouvons nous attendre à de nouveaux débats et de nouvelles rencontres dans le futur, pour des projections ou autres.
Calais et les JO 2012

Depuis quelques mois, les préparatifs des immondes Jeux Olympiques de 2012 ont commencé dans la capitale britannique. Cette fête sportive gérée par le CIO, une organisation plus capitalistico-politique que sportive, n’a en réalité rien de populaire. En effet, l’organisation de Jeux Olympique n’a jamais entrainé pour le pays organisateur des avancés sociales pour les populations les plus «  défavorisées  »  ! Bien au contraire d’ailleurs, ce sport business pousse entre autres à la création d’emplois ultra précaires ayant la «  olympique attitude  », à l’éviction des populations les moins riches à l’extérieur des villes (on ne va quand même pas laisser des HLM à coté du nouveau stade), et au développement des systèmes de contrôle et de répression de la population en faisant exploser la psychose sécuritaire liée au terrorisme.
Dans le cadre de Londres 2012, tous ces tristes changements ne vont pas se concentrer uniquement sur l’Angleterre. En effet, les élus de la coté d’opale ne comptent pas laisser passer cette occasion de faire parler un peu plus d’eux et de montrer notre région sous son meilleur (mais faux) profil.
Comme à Londres, la cote d’opale se refait une beauté, réhabilitation des structures sportives locales (club d’aviron de Boulogne, Citadelle de Calais, parc équestre du Touquet), aménagement du territoire (travaux de voiries, réparations des sites touristique, etc.) et modernisations des systèmes sécuritaires aux abords de la frontière.
Et oui, cette frontière franco-britannique, si rentable et si pratique pour le fichage et le contrôle des êtres humains n’a pas été épargné. En effet, le 6 juin dernier, le sympathique ministre de l’intérieur (et de l’outre mer, des collectivités territoriales, de l’immigration, du racisme et des collabos) Claude Guéant assisté de Natacha Bouchart (un des plus beaux caniches calaisiens de l’UMP) est venu rencontrer, sur la zone mystique de non-droit, son homologue britannique Theresa May afin de renforcer la coopération sécuritaire des deux pays voisins en préparation de Londres 2012.  Les deux amis eurent le plaisir de visiter le terminal Eurotunnel de Coquelles et le port de Calais, se félicitant d’être présent sur «  l’une des frontières les plus sûres du monde »! Dans un même temps, un nouveau dispositif de CRS flottant (sur canot pneumatique sur-motorisé) pour sécuriser le port a été mis en place. Là encore tout le monde s’en félicite déjà, un représentant des CRS Nord dira même que ce dispositif leur permet maintenant de patrouiller sur les bassins du port: «  Nous avons par exemple interpellé deux clandestins sur le port  ».  Les JO vont entraîner sur la côte d’opale un afflux massif de supporters et touristes venus se loger à moindre coût à la frontière française plutôt que dans les hôtels Londoniens. La volonté de cacher le «  problème  » des sans-papiers aux gens venus dépenser leur argent dans les supermarchés Calaisiens n’est pas un principe nouveau, mais il sera sans nul doute largement étendu et amplifié pour l’occasion.

Calais Migrant Solidarity est un groupe transnational de militants qui apportent un soutien journalier aux migrants en difficulté, à travers de la surveillance policière, des rondes et des veilles autour des squats, jungles et campements, des donations de vêtements, des leçons d'anglais et de français, et d'autres actes de solidarité. Il y a grand besoin de Calaisiens! Prenez contact en envoyant un email à calaisolidarity@gmail.com Tenez vous au courant en visitant le blog: http://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/fr


Réfugiés de Calais: le voyage des prisons de Kadhafi aux persécutions de Bouchart

Depuis l'arrivée au pouvoir de Sarkozy et de son ami Berlusconi, les tractations avaient commencé avec Kadhafi pour emprisonner les réfugiés politiques qui passaient sur le sol libyen. Dès lors, viols, violences policières, surpeuplement et manque de nourriture ont été le lot quotidien des survivants érythréens et soudanais.
La guerre récente contre Kadhafi a provoqué la libération des camps de réfugiés politiques, promis à de longues années de prison pour avoir voulu sauver leur vie en gagnant l'Europe.
Car comment demander l'asile sans pouvoir pénétrer dans les pays qui ont signé la convention de Genève?
Les atteintes à la vie des réfugiés: une spécialité de l'UMP?
Alors qu'elle avait assuré le maintien de l'abri jusqu'en septembre, tout à coup Mme Bouchart annonçait le 21 juin la fermeture du squat de la rue Descartes qui abritait les réfugiés, sans bien entendu préciser la date d'éviction.
Le 27 juin 2011, le squat a été envahi par la PAF de Coquelles, puis fermé. On proposa aux réfugiés demandeurs d'asile 24h dans un foyer...
«  Je n'en veux pas aux migrants  » se plut-elle à expliquer face aux humanitaires. Non, à peine! Dès le 27 au soir, ce fut la chasse aux réfugiés désirant dormir, M.Mignonnet, adjoint à la misère et à la bêtise durable, l'homme qui vole et fait détruire les affaires des pauvres, accompagnant les policiers.
Squat ou maison des Fontinettes: Natacha Bouchart, en toute illégalité
Selon le docteur Chochois, mèdecin légiste, le procureur de Boulogne-sur-Mer aurait jugé l'irruption de la PAF de Coquelles dans le squat Thélu complètement illégale. Or, il s'agit encore ici d'une demande de la mairie de Calais pour occupation illicite d'un terrain, loi qui ne peut s'appliquer aux squats. De plus, le projet d'éco quartier dont s'est expliqué le maire n'a pas encore été proposé en conseil municipal. Rien n'est signé.
Et pourquoi donc le maire de Calais nous ment-elle?
Idem pour le quartier des Fontinettes où Mme Bouchart a pris la décision d'écraser les maisons des gens quelques jours avant la visite du ministre du logement, sensé bénir un projet qui aurait reçu l'aval de tous les habitants.
Et tout à coup, nos maisons sont devenues dégradées pour mieux y faire ériger des logements inaccessibles aux revenus moyens des calaisiens.
Chasser les «  pas riches  » du Centre-Ville avec l'aide d'un préfet rompu à toutes les demandes d'une amie de Sarkozy:
Voilà Calais nettoyée de ses pauvres et de ses réfugiés.

Une saisine, pour la forme?

Le 22 juin dernier, Dominique Baudis a été nommé Défenseur des Droits. Ses tâches reprennent celles de quatre autres institutions: Médiateur de la République, Défenseur des enfants, Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité, et enfin, notre très citée Commission nationale de déontologie de la sécurité. Très citée, car c’est elle qui a mis les points sur les ï dans une saisine de 2005, sur la question du droit de filmer la police. Le droit existe, les policiers mentent ou sont ignorants quand ils affirment le contraire.
Le même jour, dix-huit organisations saisissaient Mr Baudis au sujet du rapport No Border. [1] Ce document reprend et synthétise les données recueillies en terme d’arrestations à répétition, de violences et d’abus commis par les policiers depuis le lancement du groupe Calais Migrant Solidarity en juin 2009.
Après cette saisine du 22 juin, une rencontre a eu lieu le lundi 27 juin avec Dominique Baudis et plusieurs de ses collaborateurs, dont Benoît Narbey, ancien secrétaire général de la sus-nommée CNDS. Etaient présents une partie des organisations impliquées dans la saisine: entre autres, le Syndicat de la Magistrature, la Ligue des Droits de l’Homme, No Borders, Emmaüs International, la Marmite aux Idées, et le Gisti.
Les retours sont positifs pour l’instant. Selon le témoignage d’un des présents, Mr Baudis “était à l’écoute et manifestement renseigné sur Calais.” D’ailleurs, deux jours plus tard, il annonçait qu'il lançait une enquête sur les agissements policiers qui sont dénoncés. Le Nord Littoral du 29 juin indique même que “[des] visites de terrain à Calais ne sont pas non plus exclues.”
Reste à voir jusqu’où ce processus pourra aller. Il existe des raisons de s’inquiéter. La page Wikipedia, citant des critiques de la nouvelle institution, parle d’une concentration des responsabilités qui diluera l’action de ce “défenseur.” [2] Aussi, Mr Baudis a été nommé par Nicolas Sarkozy en Conseil des Ministres. Bien que le Défenseur des Droits soit supposé être une “autorité constitutionnelle indépendante,” quelle institution peut être indépendante du gouvernement tout en étant créée par lui? Le “défenseur” promet d'être indépendant, et cela est fort possible. Mais il n’a pas l’indépendance institutionnelle qui seule permet des changements sérieux et importants.
Je mesure les devoirs et les exigences de la mission que m’ont confiée le Président de la République, le Parlement et le Gouvernement. Je m’y consacrerai de tout mon cœur, de toutes mes forces et en toute indépendance. - Dominique Baudis, Communiqué du 22 juin [3]
Liens:
[1]http://asset.rue89.com/files/Rapport_No_Border_Calais_frontiere_qui_tue_juin_2011.pdf
[2]http://fr.wikipedia.org/wiki/Défenseur_des_droits
[3]http://defenseurdesdroits.fr/presse.html#com_00

Kokkerellen, cuisine d'action mobile
En flamand, kokkerellen veut dire fricoter.
Venus principalement de Gand, avec leur batterie de casseroles, les volontaires de Kokkerelenn se présentent comme des activistes cuisiniers participants à des actions de lutte pour une vraie solidarité, une vraie écologie et une réelle démocratie de base.
Présents lors des camps noborder, les camps action-climat, les manifestations contre les expulsions, les centres de rétention ou contre les armes nucléaires...c'est collectivement que le groupe prend la décision de venir sur un lieu de luttes. Ils amènent leur matériel et leur savoir-faire puis impliquent tous ceux qui veulent donner un coup de main pour réaliser les repas et faire la vaisselle.
La cuisine est végétarienne et bio le plus possible. Ils évitent les emballages superflus et le transport inutile.
De préférence ils achètent leurs produits directement chez les producteurs ou chez des entreprises qui respectent leurs producteurs et l'environnement.
Mais ce n'est pas toujours possible. Sans subventions, ils passent beaucoup de temps à faire de la récup sur les marchés.
Lien: http://www.kokkerellen.org

Appel à résistance

A chaque fois que la mairie UMP fait appel au sous-préfet pour évacuer des migrants d'une vieille bâtisse, ou détruire un campement de fortune, des employés municipaux sont appelés pour nettoyer les lieux. En général, les tentes, les couvertures, les sacs, les vêtements, les réserves de nourriture, les kits de survie de Médecin du Monde, tout part à la poubelle. Pas à la déchetterie, comme aime à le rappeler Mignonnet adjoint municipal à l'environnement et aux expulsions durables, mais rue de Toul, où les associations peuvent venir rechercher les affaires réquisitionnées. Les migrants ne sont pas autorisés à venir eux mêmes récupérer leurs maigres biens.
Rue de Toul, dans la zone des services municipaux d'assainissement, c'est au bout d'une petite impasse, par terre, à la pluie, qu'on retrouve en vrac tout ce qui a été volé par les autorités compétentes.


Les employés municipaux sont-ils manipulés par une propagande telle que les CRS en reçoivent avant de venir à Calais? Ou sont-ils menacés s'ils refusent de participer aux interventions policières?
Calaisiens, souvent syndiqués, les agents municipaux savent-ils que les interventions policières ne sont pas toujours faites dans les règles de la légalité? Qu'il y a des mineurs qui ont droit à une protection spéciale? Que l'état a le devoir de loger les demandeurs d'asile, et comme il ne le fait pas, eux ont "le droit" de squatter? Se rendent-ils compte que ce que les sans-logements ont dans leurs poches et leur sac est tout ce qui leur reste? Qu'ils sont presque tous des réfugiés politiques, des travailleurs en exil?
Et connaissent-ils leurs droits de fonctionnaires sur le droit de retrait?
Une mission peut être refusée, entre autres raisons, s'il y a un danger de par la situation ou l'ambiance de travail, ou si on peut craindre un trouble à l'ordre public.
Les autorités prétendant que les migrants et les noborders sont des êtres dangereux, il semble donc qu'un agent territorial puisse estimer qu'il y a danger pour lui de se rendre sur des lieux où on arrache des affaires perso à des "clandestins" et où sont présents de terribles militants anarchistes.
Un agent territorial doit pouvoir aussi refuser de collaborer à une intervention policière faite sans les autorisations et délais légaux telle qu'une plainte du propriétaire du lieu, et papier officiel du procureur.
Il est temps pour tous d'aller visiter ou revisiter le musée de la guerre. Beaucoup de nos grands-parents ont été des passeurs d'hommes.
"C'est l'état d'urgence , la chasse est ouverte. Appel à résistance, la chasse est ouverte"

Jungle Tour 2011:
Plus Loin
Plus de Questions

Le Jungletour 2011 «  pour les droits des exilés  » a relié du 2 au 14 juillet Bailleul (Nord) à Bruxelles, en passant par Lille, Gand, et de nombreux lieux comme Angres, Norrent-Fontes, Saint-Omer, Calais, Dunkerque et Ostende, où se trouvent des «  jungles  », ces campements de cabanes où vivent les exilés.
L'an dernier, le premier Jungletour, organisé en quelques mois, suscitait la mobilisation des associations d'aide aux migrants du Nord – Pas-de-Calais pour l'accueillir, et l'intérêt des médias locaux et régionaux, créant une dynamique intéressante autour des droits des exilés. Il s'est terminé devant les grilles fermées de la préfecture de région, à Lille, qui a refusé de recevoir une délégation.
Le Jungletour 2011 a rassemblé environ le double de cyclistes, de la quinzaine à la quarantaine selon les étapes. Des cyclistes plus divers aussi, aussi bien membres des associations d'aide aux exilés, militants No Border, militants d'autres causes ou personnes d'horizons divers intéressées pour participer à cette initiative.
Il est allé plus loin, et s'est prolongé en Belgique, puisqu'on y trouve comme en France des exilés tentant de passer en Angleterre par les ports d'Ostende et de Zeebruges, et des conditions «  d'accueil  » étrangement similaires (violences policières, pénurie organisée d'hébergement pour les demandeurs d'asile, mineurs stockés dans des chambres d'hôtel dans l'attente du résultat d'une expertise osseuse ou d'une décision de placement).
De premiers échos dans les médias nationaux (Libération en France, RTBF en Belgique), un soutien d'associations nationales (RESF, GISTI, Ligue des Droits de l'Homme Belgique francophone), le Jungletour est cette fois reçu à la préfecture de région, ainsi qu'au Parlement européen.
La dynamique prend de l'ampleur. Et pourtant les questions fusent, tant sur le message et les moyens de le faire passer, que sur les relations avec les exilés que nous rencontrons à chaque étape.
Un Jungletour 2012? Sans doute, mais peut-être différent des 2 premiers, c'està à débattre. Et s'il y a une équipe pour l'organiser.
Pour plus d'informations:
Le site http://www.jungletour.sitew.com/
Le blog http://jungletour.over-blog.com/
L'audioblog http://audioblog.arteradio.com/echodesjungles

La PAF va devoir peaufiner ses faux témoignages
Le 12 juillet 2011, trois de nos camarades comparaissaient pour des accusations grotesques d'occupation illégale, rébellion en réunion et refus de prise d'empreintes.
Courant avril, alors qu'ils étaient en pleine activité pacifiste de Cop-Watching, nos trois amis avaient été arrêtés dans le principal squat de sans papiers et demandeurs d'asile du Calaisis. Ce raid policier intervenant quelques jours après la publication sur les sites de rue89 et des inrocks de vidéos présentant ces même agents de la PAF agir de manière peu déontologique. Ceux-ci n'ont pas caché leur volonté de se faire justice eux-mêmes: immobilisation violente, coups et noms d'oiseaux volèrent une fois de plus ce jour là!
Le système judiciaire français étant adapté pour protéger et légaliser au maximum les violences d'état, se défendre face à des déclarations mensongères de policiers assermentés n'est pas chose facile.
Convoqué à 8h30, il fallut cependant attendre 13h pour entendre le président énoncer les faits reprochés et donner la version des nombreux policiers ayant soumis de faux témoignages pour l'occasion. Ni les parties civiles (Fréderique Gourdin et Gael Bertaux), ni les 4 témoins policiers trouvés pour l'occasion n'ont pensé opportun de venir s'expliquer de vive voix devant la cour! Avaient-ils peur de se retrouver face aux prévenus sans pouvoir utiliser les tonfas ou les lacrymogènes, ou bien peur de voir démonter leurs versions des faits en direct par notre avocate? Après avoir écouté les réquisitions du procureur qui pour la globalité des faits demandait 3 mois de sursis pour chacun, maître Marie Hélène Calonne a su relever les nombreuses incohérences des déclarations des policiers, mettre en avant la légitimité de l'action pacifique des activistes, véritables grains de sables dans le système répressif, et lier ce procès à la diffusion des vidéos et à la saisine du défenseur des droits de l'Homme sur les violences policières à Calais.
Le délibéré tomba à 16h en présence de la trentaine de militants restés toute la journée pour soutenir nos camarades. Les trois sont relaxés pour les faits de violences et d'occupation illégale et sont reconnus coupables mais sans peine pour le refus de prise d'empreintes. Le jugement pour les dernières charges ajoutées à la hâte contre deux des trois prévenus lors de l'action contre le CRA de Coquelles quelques jours auparavant (refus de se soumettre à un contrôle d'identité) est reporté au 8 septembre a 13h30.
Ce résultat est évidemment une victoire pour notre mouvement et achève une série de comparutions ridicules. Pour rappel, le 23 juin une militante a été relaxée pour des faits similaires de violence contre agent de la PAF, ce même jour trois de nos amis demandeurs d'asiles soudanais ont eu aussi été relaxés pour des accusations ridicules. Pour rappel, le 23 juin une militante a été relaxée pour des faits similaires de violence contre agent de la PAF, ce même jour trois de nos amis demandeurs d'asiles soudanais ont eux aussi été relaxés pour des accusations d'occupation illégale et le 29 juin une autre militante a été condamnée à 500€ d'amende (plus 1€ symbolique pour l'honneur du policier) pour outrage.
Prochain rendez-vous au TGI de Boulogne, jeudi 8 septembre à 13h30!
Ni la répression, ni les intimidations ne feront plier notre détermination. Nous continuerons à surveiller et dénoncer les méthodes ultra-répressives de la police envers les exilés et à lutter pour la liberté de circulation et d'installation, la fermeture des centres de rétention et la fin des expulsions.


Des travailleurs sans papiers à la mairie de Calais?

A Calais, les migrants sont depuis quelques années les agents municipaux chargés de l'urbanisme! Ils sont gentils, aiment les promenades en fourgon et ne réclament pas de salaires!
Ils vous présentent ici le mode d'emploi de l'urbanisme Calaisien au travers d'un exemple concret!
Comment se débarrasser d'un vieux batiment en face de chez vous?
Mode d'emploi :
Vous avez un bâtiment désaffecté, délabré, moche ou tout simplement qui gène visuellement la vue et le standing de vos chaudes soirées barbecue sur le balcon de votre T3 du 2ème étage!
Vous aimeriez plutôt avoir pour voisinage un beau bâtiment tout neuf avec plein de jolies fleurs et des jolis 4x4 garés dans le parking à ouverture automatique et muni de caméra de surveillance?
C'est pas compliqué, la mairie de Calais et ses services sont là pour vous servir! Faites en sorte que ce bâtiment soit squatté rapidement par la vermine sans papier puis appelez SOS OPH!
En moins d'un an, après avoir permis aux fabuleux agents des forces de l'ordre d'avoir pu, sans ce cacher, s'entrainer aux techniques de répressions les plus humaines et respectueuses, le batiment sera racheté, un projet d'éco-quartier sur-subventionné sera créé, les gentils occupants évincés et le bâtiment démoli!
Vous avez vu, c'est aussi simple qu'un élu Calaisien!


Grèce: un piège refermé sur les exilés

Bien que faisant partie de l'Union européenne et de l'espace Schengen, la Grèce en est séparée par des frontières fermées. Au nord, la Bulgarie ne fait pas partie de l'espace Schengen, l'Albanie et la Macédoine de l'Union européenne. À l'ouest, la frontière maritime avec l'Italie, en tant que frontière interne à l'espace Schengen, devrait être ouverte. Dans les faits, pour empêcher les exilés de passer en Italie, les ports des deux côtés sont sécurisés et les contrôles sont systématiques.
Entrés en Grèce d'abord principalement par les îles proches de la côte turque, aujourd'hui par la vallée de l'Evros, qui fait la frontière terrestre avec la Turquie, les exilés se trouvent ainsi pris dans une nasse, dont il est long, difficile, coûteux et souvent dangereux de sortir.
Si jusqu'au milieu des années 2000 la Grèce s'est montrée tolérante aux sans-papiers, main d’œuvre sous payée employée dans de multiples secteurs comme l'agriculture ou le bâtiment, et a procédé régulièrement à des régularisation, la dégradation de la situation économique et les pressions de l'union européenne ont changé cette attitude du tout au tout.
Conditions inhumaines et dégradantes dans les centres de rétention, non respect du droit d'asile (40 000 personnes attendent parfois depuis des années une réponse à leur demande  ; il n'est pas rare de rencontrer des demandeurs qui attendent depuis 5 ou 10 ans le rendez-vous avec la commission qui doit examiner leur demande), refus d'accès aux soins, violences de la police et des groupes d'extrême-droite, destructions de campements.
Tandis que la Grèce prévoit avec le soutien financier de l'Union européenne la construction d'une clôture sur les 12,5 km sur lesquels le fleuve Evros ne fait pas la frontière avec la Turquie, et il est moins dangereux de passer, et de nouveaux centres de rétention, la répression et les violences s'aggravent.
En mai dernier, suite au meurtre d'un père de famille grec imputé par les médias à des exilés, une flambée de violence secoue Athènes. Pendant plusieurs jours, des groupes d'extrême-droite parcourent les quartiers où habitent les exilés, entrent dans les maisons, tabassent les exilés qu'ils trouvent, faisant un mort et des dizaines de blessés. Pendant ce temps, la police assiège les squats anarchistes voisins pour les empêcher de s'opposer aux groupes d'extrême-droite. Des violences ont également lieu dans d'autres localités, comme Igoumenitsa, le deuxième port pour les départs vers l'Italie.
Le 9 juin, la principale jungle d'Igoumenitsa est détruite, la rafle se continue par une battue dans les collines pour capturer les migrants ayant réussi à s'échapper. Du 8 au 20 juin, puis les 26 et 27 juillet, destructions et rafles dans les jungles de Patras le principal port vers l'Italie, 300 arrestations à chaque fois.
Dans une Grèce en pleine dérive, quelques centaines de milliers d'exilés sont pris au piège des politiques européennes.

Qui paie les violons, choisit la musique

Le «  dialogue  » entre le maire UMP de Calais, Natacha Bouchart et les associations qui soutiennent les migrants sur Calais a commencé en avril 2009 avec le premier «  Conseil des migrants.  »
Après le camp No Border de juin 2009, le réseau No Border a été à l’initiative d’une première manifestation avec les migrants menacés par l’expulsion de la jungle pashtun pour dénoncer le fait qu’aucun migrant n’était invité à ce Conseil… les décisions prises depuis en son sein ont eu des conséquences pour le moins dramatiques.
Les associations qui ont essayé d’apporter un soutien aux migrants depuis la fermeture du centre géré par la Croix rouge à Sangatte (et qui n’ont jamais alors été  invitées à participer à l’administration de ce centre) se retrouvent désormais partie prenante du Conseil des migrants. Les autorités ont aussi joué sur les tensions entre certaines associations et ont ciblé les plus malléables, auxquelles ont été accordées des subventions.
Directement ou indirectement, la plupart des associations d’aide aux migrants avalisent la politique d’asile de la France, en accord avec le principe de Dublin 2. Il ne s’agit pas ou plus d’exiger la liberté de circulation et d’installation mais de «  faire avec  » ce règlement qui «  détermine l’Etat responsable d’une demande d’asile » et qui s’inscrit dans une politique d’externalisation et de délocalisation des frontières.
S’appuyant sur le système Eurodac de fichage des empreintes digitales des demandeurs d’asile dès leur arrivée en Europe, Dublin 2 instaure un système de refoulement vers les pays à la périphérie de l’Europe, en général les plus pauvres et ceux dont les décisions en matière d’asile sont rarement positives et où les conditions de vie des migrants sont les plus infâmes (Pologne, Grèce, Hongrie, Bulgarie Moldavie, Italie).
Ainsi la majorité des migrants renvoyés des centres de rétention de Coquelles et Lille Lesquin sont des Dublin 2, c'est-à-dire que l’Etat français les renvoie dans un premier temps vers un autre pays européen par lequel ils sont passés et dans lequel ils ont été fichés par Eurodac. En attendant  d’être expulsés hors de l’Europe…
A Calais, la répression continue pour faire en sorte que le nombre de migrants diminue: destruction systématique des squats et des jungles (qui font d’ailleurs partie des «  négociations  » pendant les conseils des migrants) pour faire en sorte que les migrants s’éparpillent et que la concentration sur ce point de passage cesse. On ne parle plus de leur désir d’aller en Angleterre, ce qui les a fait arriver là pour un tas de raisons. C’est sur cet aspect des choses qu’il y a un véritable consensus entre les associations qui tentent de décourager les migrants de partir, agissant dans le sens de l’Etat français, en faisant office de chiens de garde des côtes britanniques. Leur action se cantonne alors à les aider dans leurs démarches auprès de la préfecture pour entamer des demandes d’asile ou de régularisation, en France exclusivement.
Il serait absurde de dire que la situation à Calais n’a pas évolué. En effet, certaines choses se sont indéniablement améliorées. Pour les migrants qui demandent l’asile en France, les démarches sont un peu plus simples: ils n’ont plus à se rendre à Arras mais peuvent effectuer leurs démarches à Calais même. Des avancées, obtenues grâce au Conseil et à la négociation donc? Oui, peut-être, mais à quel prix?
Alors qu’elles subissaient depuis la fermeture de Sangatte un harcèlement quasi quotidien de la part des autorités, qu’elles ont mené un travail de terrain sur le plan humanitaire, on s’étonne désormais de leur silence, alors que Calais doit devenir une «  zone sans migrant  ». Plus, ou quasiment plus de manifestations. Certes les actions individuelles continuent, des militants sont visés pour délits de solidarité. Mais l’action humanitaire des associations ne prend plus la même voie de nécessaire dénonciation: pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres, Salam a reçu ainsi 100  000 euros de subventions du conseil municipal de Calais pour installer un plan grand froid. Les migrants continuent de souffrir en hiver, mais ne risquent toutefois plus de mourir. L’installation de quelques douches très éloignées de la ville oblige les migrants à se battre pour avoir une place dans la camionnette qui les y conduit. Le terrain de repas fournit certes une cuisine aux associations mais force les migrants à manger par terre, par tous les temps, dans un lieu encadré par les barbelés.
Pendant ce temps, la destruction des jungles, la fermeture des squats continuent. Et le silence des associations aussi. No Border et Calais Migrant Solidarity les ont interpellées à plusieurs reprises, avant par exemple la réunion «  spéciale  » du Conseil des migrants en septembre 2009, précédant l’expulsion de la jungle pashtun orchestrée par Besson, pour tenter de construire un rapport de forces. Silence. Plus récemment, un responsable d’une association calaisienne a déclaré juste après le Conseil où a été annoncée la destruction du squat Africa House, que «  les conseils étaient intéressants sur le plan technique  »! Un autre, membre d’une autre association déclarait lui qu’il s’agissait du «  conseil des migrants le plus constructif  » auquel il ait assisté.
Si le travail humanitaire est parfois nécessaire du point de vue de l’urgence, le risque est bien que le dialogue et la manne financière offerte par les politiques achètent le silence des humanitaires: car il est d’usage que «  celui qui paye les violons choisit la musique  ». Il semble qu’à Calais ce soit le cas. Ceci même alors que plus que jamais un rapport de force doit être construit pour mettre à mal ces politiques, à la veille des Jeux Olympiques à Londres pour lesquels la sécurité sera renforcée et sans aucun doute la répression dans le nord de la France sera encore accentuée.

Les origines racistes de l'encartement

Dans son livre sur l’histoire de la carte nationale d’identité, Pierre Piazza retrace les origines et les raisonnements qui ont mené à l’encartement général de la population. Cela semble d’un certain intérêt, puisque la vérification d’identité est l’outil principal de l’oppression des migrants et des personnes indésirées, sous la République Française, et en tout cas, le prélude à leur déportation.
Bien que beaucoup relèguent cette politique au régime de Vichy, et bien qu’elles aient bien été un des moyens de la répression des Juifs de France, les origines remontent en fait à la IIIe République, et à la haine qu’éprouvait la population et les élus pour les vagabonds, les nomades et les étrangers.
L’ouvrage de Piazza nous indique que finalement rien n’a changé depuis 2 siècles. A droite comme à gauche, des mesures oppressives étaient prises suite à des faits divers. Des populations toutes entières étaient stigmatisées et réprimées pour les méfaits de quelques uns, sur la suspicion qu’ils étaient tous pareils. Présomption d’innocence pour les citoyens français, présomption de culpabilité pour les autres.
Dans ce livre on peut voir un extrait du journal Le Matin, datant du 12 décembre 1913. “Comment mesure-t-on les nomades.” 4 photographies montrent les mesures qui sont faites sur une famille “en route pour Melun.” La quatrième photographie montre “[u]ne gamine de la tribu devant l’appareil. Sous son menton est fixé le numéro matricule qui la suivra dans la vie.”
L’encartement était, comme aujourd’hui avec les puces RFID, justifié sur des bases sécuritaires. Les criminels ne pourraient plus se cacher. Reste que les bases sécuritaires sont fortement influencées par les préjugés racistes. Car qui peut alors se cacher des criminels de l'état? Le système qui visait initialement les étrangers, les nomades, etc. a ensuite été généralisé par Vichy pour viser l'ensemble de la population, et les Juifs. Cela devrait donner à réfléchir: l'état n'est pas toujours une institution bienveillante, il est l'outil de la majorité électrice, qui peut ou pas avoir une dent contre vous, en tant qu'étranger, travailleur, Juif, etc.
Un autre aspect que ce livre met en lumière, c'est une résistance instinctive dans la population, alors que l'état naïf encadrait de plus en plus la population, ou tentait de le faire. Lorsque la carte d'identité n'est pas obligatoire, tout simplement, presque personne ne vient la faire établir. Les premières prises d'empreintes généralisées, en 1919, pour un livret facilitant le paiement des arrérages de pension, sont refusées par les gens. «  Jamais on ne s'en est servi, sauf pour les indigènes de l'Afrique du Nord qui, paraît-il, se ressemblent tous en photographie, de sorte que, pour leurs pensions, il a été indispensable de recourir à l'empreinte digitale pour les identifier. » déclarait le commandant de gendarmerie Jullien dans une séance de la Société générale des prisons en 1921.
Comme aujourd'hui, les mesures restrictives de la liberté individuelle sont réservées à des populations stigmatisées, tandis que la population des « honnêtes citoyens, » comme le FN aime à les appeler, les blanchissant ainsi de toute responsabilité dans l'oppression au travers de leur état, en est épargnée. Mais du point de vue de l'état, ce n'était que par souci de pragmatisme. Les crises et les guerres suffisent pour repousser les limites de la tolérance publique, aussi loin que l'on veut, jusqu'à l'intolérable, comme en Allemagne Nazie.