lundi 7 février 2011

Numéro de Février 2011

La police française, illustrée par Brice Hortefeux

DICTIONNAIRE DES IDÉES REÇUES
L'immigration est-elle un fardeau ?

On ne compte plus les déclarations politiques présentant l'immigration comme un fardeau coûteux, « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » en étant une des variantes les plus douces.
Passionné de chiffres et d'évaluation, le gouvernement commande une étude à une équipe de chercheurs de l'Université de Lille.

Résultat ? N'en déplaise aux discours de propagande, l'immigration rapporte de l'argent à l'État.

En effet, les immigrés coûtent à l'État et à la Sécurité sociale 47,9 milliards d'euros (prestations et aides diverses, dépenses d'éducation), alors qu'ils leur rapportent 60,3 milliards d'euros (impôts, contributions et cotisations sociales), soit un bénéfice de 12,4 milliards d'euros.

Pas de magie à ça : il s'agit d'une population plus jeune que la moyenne française, de ce fait bénéficiant moins des prestations sociales (santé, retraites), ayant un plus fort taux de chômage, mais dynamique, et orientant une forte de part de ses revenus vers la consommation (TVA).

Comme l'explique Xavier Chojnicki, le coordinateur de cette équipe de chercheurs : “Il s’agit d’un processus historique lié à la structure de la population immigrée, majoritairement jeune. Comme ils sont peu qualifiés, les immigrés sont très souvent au chômage. Mais ils dépensent aussi beaucoup et sont très entreprenants. Les pensions que nous versons aux retraités sont plus que compensées par la consommation et les cotisations sociales que paient les plus jeunes, parmi lesquels on trouve des gens très dynamiques.” 
Pour plus d'informations :
http://www.courrierinternational.com/article/2010/12/02/les-tres-bons-comptes-de-l-immigration

Norrent-Fontes sous assaut préfectoral

Le 24 décembre 2010, Mr Pierre de Bousquet, préfet du Pas-de-Calais, mettait Mr Marc Boulnois, maire de Norrent-Fontes, en demeure de démanteler un campement d'une cinquantaine de personnes. Notamment, le préfet Bousquet avance que ce campement est à l'origine de plusieurs troubles à l'ordre public, entre autres choses, de violences de passeurs contre des camionneurs, et de violences de passeurs contre d'autres passeurs. Mr Marc Boulnois a ensuite courageusement répondu par la négative, indiquant qu'il ne se joindrait pas à la chasse à l'homme, et que l'état devait prendre ses responsabilités pour sa politique migratoire.

Nous sommes heureux de cette réponse mais légèrement déçus que Mr Boulnois n'ait pas corrigé l'erreur du préfet. Mr Bousquet ferme les yeux sur la fermeture de la France, comme si elle était une propriété privée, les bureaucrates ses propriétaires. Il s'étonne ensuite, comme s'il ne pouvait pas tenir une pensée d'un moment à un autre, de voir des violences découler du marché noir qui surgit suite à la politique de fermeture précitée. C'est seulement un phénomène que l'on constate dans tous les cas similaires à celui-ci. Mr Bousquet, ne laissez surtout pas les faits se placer en travers de vos politiques!

Dans l'obscurité fleurit le crime. Ces crimes véritables ne sont pas le fait de la présence de clandestins, mais de la catégorie clandestine. Ne pas avoir accès aux moyens de transport habituel, ne pas avoir accès aux moyens de défense de l'état, a pour conséquence que les migrants sont principalement sans défense, et les passeurs de facto immunisés. Et cette clandestinité a pour origine le contrôle des frontières. Un contrôle illégitime et illégal, comme il a été expliqué au premier numéro, dans “Personne n'est illégal.”

Le seul moyen de réellement défendre l'ordre, le véritable ordre qui naît de la pleine justice pour chacun, consiste d'abord à rétablir la liberté pour les migrants. Une liberté à laquelle ils ont par ailleurs un droit imprescriptible. Ceci, contrairement aux papiers bureaucratiques, n'est pas de notre invention, mais est présenté comme une vérité qui coule de source à l'article 2 de la Déclaration Universelle, vieille de plus de 200 ans.

Si le crime fleurit dans la clandestinité, retirons l'interdiction ou le contrôle du libre mouvement, et la lumière qui jaillira sur le passage mettra fin à la quasi-totalité des véritables agressions qui ont lieu aujourd'hui. Qui, en fait, ne peuvent avoir lieu que dans la mesure où les auteurs sont pratiquement assurés de ne pas en subir les conséquences. Soit parce que leurs victimes innocentes ne peuvent pas porter plainte ou appeler à l'aide sans par la même se livrer aux forces de police. Soit parce que les auteurs eux-mêmes ont moyen d'échapper à la justice, étant habitués à la-dite clandestinité.

Le chemin est clair, mais il est aussi clair que Mr Bousquet ne lira pas cet article. Que les forces du désordre chargeront ce campement comme ils en ont chargés tellement d'autres auparavant, sans égard aux droits des individus qui s'y trouvent.


Email: sansfrontieres.calais@gmail.com | URL: http://sansfrontieres-calais.blogspot.com

Eamus Cork Solutions, les flics “ne sont pas immortels”

A la suite des attentats du 11 septembre 2001, l’ère du tout sécuritaire franchit un palier supplémentaire. La sécurité n’est alors plus une simple histoire d’aviation. Les états veulent rapidement élargir ces moyens à tous les transports et renforcer la sécurité des liaisons maritimes. Le code international pour la sureté des navires et des installations portuaires (ISPS en anglais) est signé un peu plus d’un an après (le 12 décembre 2002) mais ne rentrera en vigueur qu’en juillet 2004. La sécurité portuaire prendra alors un nouvel essor et les côtes voient fleurir de nouvelles entreprises spécialisées dans ce domaine.
Eamus Cork, l’opportuniste
ECS  est une entreprise dite « de sécurité portuaire » appartenant au groupe Eamus Cork. Ce groupe créé en 2004 par Patrick Guerbette (ancien RG parisien puis responsable chargé de la sûreté du site français d’Eurotunnel) est installé dans le nord de la France et compte cinq autres entreprises :

- Eamus Cork Sécurity (spécialisée dans les métiers de la sécurité)
- Cogan consulting (spécialisée dans la formation à la prévention des risques professionnels, domestiques et naturels).
- Fiona Consulting (qui fait de la gestion et coaching d’entreprise)
- Manannan Communications (entreprise de communication et d’édition qui publiera entre autre : « Les dieux ne sont pas immortels ou la légende d’Eamus Cork» écrit par … Patrick Guerbette)

Les secteurs d’activités couverts par ces entreprises nous ont amenés à tenter de comprendre les intentions de Patrick Guerbette en nous penchant sur les activités sécuritaires de sa principale entreprise ECS.

C’est en fin homme d’affaire que l’ancien policier crée son entreprise de sécurité portuaire 6 mois avant l’entrée en vigueur du code ISPS, en janvier 2004. Grand sportif, il surfe comme beaucoup d’autres sur cette vague du tout sécuritaire. Et ça marche: 4M€ pour 115 salariés en 2009.  Monsieur Guerbette gagne sa croute en faisant virer les « clandestins » des camions. Sa toute nouvelle entreprise décroche d’ailleurs de palpitants contrats.
Le premier vient de la société Norfolkline dès la première année. Cette entreprise de transport de passagers et véhicules entre Dunkerque et Douvres est satisfaite des activités de son partenaire, et lui a renouvelé sa confiance depuis maintenant 6 ans. 

ECS s’installe ensuite un peu plus sur le port de Dunkerque en signant un contrat de surveillance de site avec NFTI, une société française de manutention portuaire.

Déploiement sur le littoral

Mais cela ne suffit pas à Patrick Guerbette.  Il lui faut montrer toujours plus d’humanisme et donc aider les autres ports de la Cote d’Opale contre les indésirables sans papiers. Avec les coups très médiatiques du ministre de l’intérieur de l’époque (N. Sarkozy) tel que la fermeture de Sangatte en 2002, la situation migratoire à Calais est depuis quelque temps de plus en plus catastrophique (et médiatique). Guerbette décide alors de surfer une nouvelle fois sur la vague.

Cependant cette fois-ci sa stratégie change. Afin de s’imposer dans les relations sécuritaires franco-britanniques, le patron décide d’entrer en contact avec les services de l’immigration anglaise. Il décroche un superbe contrat avec l’United Kingdom Border Agency (le service administratif en charge du contrôle de l’immigration vers les Royaume Uni).
Guerbette atteint des sommets lorsqu’il signe en 2009 un contrat avec la chambre de commerce de Boulogne sur mer. Eamus Cork Solution s’installe alors sur les trois ports commerciaux de la région. L’entreprise se charge de la sécurité du port : le contrôle des accès, la vidéo-surveillance, les rondes cynotechniques1, les contrôles de sûreté sur véhicules et les fameuses détections de personnes (donc en gros la recherche des dangereux migrants). Malheureusement la CCI de Boulogne sur mer qui avait investi gros dans un terminal ferries (et sa sécurité) et attendait un second navire de la compagnie LD Lines, se retrouve bien marrie lorsque cette compagnie de transport maritime décide fin août 2010 de supprimer sa liaison [2]. Le terminal, qui malgré la situation actuelle doit accueillir une seconde passerelle de déchargement dans les mois à venir, devient alors un géant parking à goéland. ECS est donc contrainte de licencier neuf employés de sécurité et ne renouvelle pas les contrats de sept autres. Il reste donc à ce jour une dizaine d’agents de sécurité ECS afin de surveiller les passages des nombreux goélands, cormorans et mouettes (enragées évidemment) transitant par ce site !

Répression et exploitation

Guerbette, assisté d'un conseil composé d'anciens officiers supérieurs des polices françaises et britanniques, déclare disposer "d'un contingent de personnes testées qui lui permet de faire face aux arrêts maladie ou aux congés annuels". Il n’hésite pas à parler de ses agents de sécurité comme  d'"héros anonymes".

En septembre 2010 Eamus Cork reçoit le prix du meilleur service de gestion et formation lors de la 5ème édition des trophées de la sécurité, dans le cadre d'un projet lié au stress au travail...

Ingrats, plusieurs employés avaient pourtant attaqué Guerbette au tribunal des prud'hommes pour non paiement des heures supplémentaires de travail. D'autres se sont permis de témoigner, dans un reportage de l'émission de France Inter "là bas si j'y suis", sur leurs mauvaises conditions de travail: vestiaire sans point d'eau, avec des rats, fenêtres cassées depuis des mois, impossibilité d'apporter des secours de base aux migrants débusqués dans les camions. Tout cela, alors que Guerbette clame haut et fort l'humanisme de ses services et exige de ses agents une formation de secouriste.

Ces témoignages donneront lieu au sein de l'entreprise à des incitations à la délation pour découvrir qui avait osé parler. Trois employés virés suite à leurs témoignages font actuellement appel aux Prud'homme pour licenciement abusif.

Les Etats renforcent les mesures sécuritaires concernant les sans papiers, mais la tendance est à la sous-traitance à des sociétés privées. Ainsi les responsabilités se fondent dans les méandres des contrats de délégations de services.

En octobre de cette année, Jimmy Mubenga, Angolais de 46 ans, est escorté par trois agents de sécurité de la société G4S, à laquelle le ministère de l'Intérieur britannique sous-traite l'essentiel du sale boulot des rapatriements forcés de clandestins. Il décèdera sous les yeux des autres passagers de ce vol commercial, étouffé par ses tortionnaires au fond d’un  Boeing 777 sur l'aéroport de Londres.

La société G4S se targue d'être la première compagnie de sécurité privée au monde, présente dans plus de 110 pays - dont l'Irak et l'Afghanistan, mais aussi l'Angola. Sur son site internet, elle vante ses qualités d'intégrité: "On peut nous faire confiance pour toujours faire les choses comme il faut."

Quelques députés britanniques réclament une enquête indépendante sur les conditions de ce décès. Mais la volonté de nos gouvernements de développer la sous-traitance au privé pour pourchasser les migrants n’est pas remise en cause.

Pour en terminer avec Eamus Cork, son patron, toujours en quête d'honorabilité, a lancé le 26 octobre un grand concours national d'illustration des personnages de son roman. Il a annoncé aussi un projet de BD et de film sur la si belle histoire que reflèterait sa philosophie d'entreprise.■
[1] Qui se rapporte à l'emploi de chiens.
[2] LD-Lines s’est repliée sur saint Nazaire, profitant par la même occasion de subventions publiques dans le cadre du lancement des “Autoroutes de la mer”. 

Plus d'informations disponibles dans le livre Fortunes de Mer, Editions Acratie. lamouette.enragee@wanadoo.fr

Le poison policier
"Notre société ne doit pas se tromper de cible : ce sont les délinquants et les criminels qu'il faut mettre hors d'état de nuire," a déclaré Brice Hortefeux, après la condamnation de policiers pour violences aggravées et faux en écritures publiques.

Rien de plus étonnant que de voir l'Etat frapper ses propres ouailles. Hortefeux peut s'être ensuite fait tapé sur les doigts par certains collègues UMP, l'ensemble de la législation sur la police est clair: doit leur être porté un respect et une obéissance sans faille, car ils sont dépositaires de “l'autorité publique,” ou agissent “dans l'exercice de leur fonction,” etc.

Récemment le journaliste américain Glenn Greenwald, notant les abus de pouvoir grandissants de l'état américain, qui “vont trop loin,” remarquait malgré tout qu'en premier lieu, l'état est justifié à “mettre les gens en cage.” Mais que les gens n'avaient pas ce pouvoir. Ce déséquilibre est “normal,” mais il doit être surveillé et ne pas trop se développer pour devenir tyrannique.

Ce poison policier originel, qui se répand peu à peu, qui veut faire croire que l'état est spécialement autorisé à se livrer à certains actes, est à l'origine du genre de sentiments exprimés ci-dessus. La police devrait, par une sorte de magie inexpliquée, être immunisée des conséquences de ses actes, y compris lorsqu'elle est prise la main dans le sac.

Mais les bonnes intentions, la noblesse d'esprit, les codes déontologiques et autres inventions de l'état sont très loin de suffire. Justice doit être faite. C'est uniquement ce simple principe qui autorise l'état, et avec lui n'importe quelle personne ou association de personnes, à juger des affaires humaines.

L'état ne peut prétendre à l'autorité unique, mais seulement à des procédures qui permettent de mieux approximer le bon jugement des affaires par des êtres humains capables d'erreur. Ces procédures peuvent être répliquées, améliorées, amendées, etc. par des tribunaux indépendants qui reconnaissent le droit à la liberté avant les ordres de la bürokratie.

Ce n'est donc pas le fait du port de l'uniforme. Le policier a des devoirs devant la justice des droits de l'homme, avant d'avoir des obligations devant ses supérieurs. Chacun est tenu par cette justice première, supérieur comme subordonné, avant toute autre loi ou décret que des êtres humains ont pu écrire et voter.

S'il faut admettre une quelconque “autorité publique,” à laquelle chacun devrait obéissance et respect, c'est certainement celle de la justice véritable. Trois CRS passant à tabac un réfugié sont autant des criminels, et doivent autant être stoppés et arrêtés sur le champ, que trois skinheads faisant de même.
En Bref
  • La destruction de Africa House annoncée en fanfare en décembre, puis repoussée, n'a toujours pas eu lieu (au jour du 28 janvier). Les terrains seraient mis sur le marché à partir du 2 février. En attendant pire, les descentes policières se multiplient pour décourager l'utilisation de bâtiments abandonnés en tant qu'abris de fortune.
  • Les procès pour diffamation et tags ont été reportés au 31 et au 23 mars, respectivement. Et contrairement à ce qu'indique le Nord Littoral dans le numéro du 14 janvier, qui décidément n'en rate pas une, et réussit à inverser les dates et à se tromper de mois. Sans doute la haine a submergé leurs sens.
  • LOPPSI 2 est passée par le Sénat, et revient bientôt à l'Assemblée Nationale pour conformer les versions votées qui contiennent des textes différents. La résistance à l'oppression s'organise, voir http://abasloppsi.flext.net
  • Le 7 janvier dernier, Wazgen Azryan, un garçon de 6 ans, a été embarqué par les gendarmes alors qu'il se trouvait à son école. Il a ensuite été placé en rétention aux côtés de son père, à priori pour une expulsion, avant d'être libéré plus de dix jours plus tard, après forte mobilisation des habitants. La mère elle aussi détenue a été libérée le 25.
  • La Grèce a annoncé vouloir construire un mur de plus de 150km autour de sa frontière avec la Turquie. Une mesure appuyée par Brice Hortefeux. Ce gouvernement, adepte de la torture et de la répression sanglante, nous montre la destination barbare probable des glissantes pseudo-démocraties actuelles.
Pauvre liberté

Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le Maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. - Jean-Baptiste Lacordaire

Dans son livre sorti en plein débat sur l'identité nationale (preuve que tout était arrangé), 'Pour la Nation,' Eric Besson avance que si les frontières étaient abolies, un tel afflux de travailleurs nous envahirait que notre système social ne pourrait tenir longtemps. Il utilise ensuite la citation ci-dessus pour appuyer son propos qui, si elle se méprend, a le mérite d'exprimer de manière concise la pensée dominante.

De manière générale, comme il a été expliqué au premier numéro, il est peu probable qu'un afflux de migrants suive l'abolition des frontières. On peut également soupçonner que, du fait que la frontière elle-même n'est pas naturelle et n'est qu'une ligne imaginaire sur une carte, si afflux il doit y avoir, nous le voyons dès aujourd'hui. La France, au bout du compte, est un morceau de la Terre comme un autre, plus poreux qu'une passoire.

Néanmoins l'idée plus profonde persiste, que l'Etat nous protège de l'oppression des plus forts. La réalité est différente. L'oppression ne vient pas automatiquement de la différence des conditions de vie, bien que cela y joue. Elle vient surtout de l'impuissance des faibles, organisée et maintenue par la même “loi” qui prétend les défendre.

Avant d'être les esclaves des capitalistes, les ouvriers et les travailleurs sont empêchés d'organiser leur propre indépendance. La Commune de Paris s'est soldée par  le massacre de 80 000 personnes. L'économiste Franz Oppenheimer, dans son livre “L'Etat”, explique que la surface de terre vierge disponible est si grande qu'il est impossible de comprendre pourquoi quiconque ne vivrait pas simplement de celle-ci, au lieu de s'appauvrir au bénéfice d'autres que soi.

C'est-à-dire, impossible à comprendre, s'il régnait une véritable liberté, et non pas, cette fameuse “liberté” de se vendre au patronat, “liberté” pré-réglée par des conditions obligées de pauvreté pour la plupart des gens.

C'est dans ces circonstances que l'oppression du pauvre par le riche doit être comprise: le pauvre n'a pas d'autre choix, par la loi, que de se vendre au plus offrant. La loi n'affranchit pas, elle ferme les portes. Et ensuite, elle fournit une armée d'esclaves à une certaine classe enrichie artificiellement, par le pillage et le meurtre, par la conquête et la colonisation, et en France, à travers l'esclavage direct.

Le chemin à prendre est clair: liberté totale oui, y compris de migrer, y compris de pratiquer toute forme de travail que l'on souhaite, sur la terre ou pas, individuel et collectif, avec ou sans accord des autorités, avec une solidarité telle que le patronat apparaîtra comme la classe vampirique et parasitaire qu'elle est réellement; une classe inutile et criminelle.

Liberté, égalité, fraternité, c'est malheureusement un slogan qu'il reste encore à appliquer. Pauvre liberté, acculée de fautes qui ne sont pas les tiennes, mais celles de la fausse autorité capitaliste!


La justice est la loi suprême de tous les pays. Toute loi écrite contredisant la justice est nulle et doit être désobéie.

Récapitulation des crimes nécessaires au contrôle des frontières

Tous les mois, nous ferons une récapitulation des crimes commis par la police et les travailleurs municipaux pour rendre la vie insupportable aux migrants et aux militants, qui ne demandent qu'à faire usage de leur droit à la liberté, nonobstant les ordres de la bürokratie.

Seront donnés le nombre “d'arrestations” recensées. La quasi-totalité du temps, les personnes arrêtées sont relâchées. C'est parce que les protections procédurales empêchent les autorités de fourguer sur le champ qui elles veulent dans des avions. Nous n'en sommes pas encore là, mais ça va devenir plus simple avec LOPPSI 2. Les arrestations, puisqu'elles ne sont pas justifiées par des lois valides, constituent dans le droit des enlèvements et des séquestrations. Elles sont multipliées chaque jour pour harceler les migrants.

Egalement mentionnées, les destructions et autres dégradations d'affaires personnelles et de matériels, les vols, les fouilles abusives par des membres du sexe opposé, les agressions physiques, les agressions et les menaces verbales, les pulvérisations de gaz lacrymogène.

La police est consciente qu'elle ne peut pas immédiatement faire partir les migrants, elle se livre donc à des tactiques de harcèlement mesquines. Dans le passé, cela a par exemple consisté pour les CRS à mettre du gaz lacrymogène sur le point d'eau à côté de l'ancienne jungle Pachtoune. Aujourd'hui, la PAF conduit à toute vitesse dans la cour de Africa House, et réveille tout le monde avec leurs phares, sans faire d'arrestation.

Ces crimes sont connus, mais rarement poursuivis. Les rares fois où ils l'ont été, les affaires ont été classées sans suite, ou les procureurs ont fait traîner jusqu'à ce que “l'action soit éteinte.” Il faut également rappeler que ce ne sont que les crimes que nous avons pu relever, que les preuves indubitables sont rarement présentes, et que leurs auteurs sont donc assurés de vivre tranquillement.

Recensées entre le 17 décembre et le 21 janvier

Au moins 148 affaires d'enlèvements et de séquestrations, 6 affaires de destructions de biens privés, 10 affaires de vols de biens privés, 7 affaires d'agressions physiques, 1 affaire de fouille abusive, 2 affaires d'agressions verbales, 5 affaires de pulvérisation de gaz lacrymogène, 9 affaires de harcèlement moral, et 3 affaires d'arrestations abusives.

Ce sont donc, plus de 191 crimes commis impunément par les forces de police sur Calais, en un peu plus d'un mois, en application des ordres bürokratiques. Le détail des évènements peut être trouvé sur le site de Calais Migrant Solidarity.




Calais Migrant Solidarity est un groupe transnational de militants qui apportent un soutien journalier aux migrants en difficulté, à travers de la surveillance policière, des rondes et des veilles autour des squats, jungles et campements, des donations de vêtements, des leçons d'anglais et de français, et d'autres actes de solidarité. Il y a grand besoin de Calaisiens! Prenez contact en envoyant un email à calaisolidarity@gmail.com Tenez vous au courant en visitant le blog: http://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/fr