mardi 10 mai 2011

Mai 2011 - Un journal No Border à Calais

Vidéos et procès :
Une lutte est ouverte

On le savait depuis toujours, au moins depuis qu'une compagnie de CRS fait la chasse aux migrants pour le compte de la Police aux Frontières.
On le voit aujourd'hui dans les médias, Rue89 et les Inrockuptibles, repris ensuite :
Http://www.rue89.com/2011/04/10/harcelement-policier-a-calais-les-videos-qui-font-honte-199295
En presque deux ans de présence à Calais, les militants du réseau No Border ont filmé des dizaines d'heures d'interventions policières. Malgré les pressions, bien que les policiers essayent systématiquement d'écarter les militants du lieu où sont arrêtés les exilés, de les empêcher de filmer (de nombreuses vidéos se terminent par le coup donné par un policier sur la caméra), des nombreuses images témoignent de violences et de violations de la loi.
C'est donc une lutte qui s'ouvre, sur la base de ces images et des témoignages qui les accompagnent.
Première réplique, la police a brutalement arrêté le 21 avril quatre militants qui essayaient de les filmer. Ils sont poursuivis pour occupation illégale, outrage et violence en réunion contre des agents dépositaires de l'autorité publique. Ils passent en procès le 12 juillet. Procès politique, puisqu'il s'agit de retourner l'accusation de violence contre les militants No Border.
À nous de faire de ce procès celui de l'impunité de la police.

D'ailleurs
nous sommes d'ici
Mobilisation nationale et unitaire contre le racisme, contre la politique d'immigration du gouvernement, et pour la régularisation des sans-papiers
Un appel à une mobilisation nationale le 28 mai a recueilli plusieurs milliers de signatures et le soutien de quelques centaines d'associations, syndicats et partis. Cette journée de mobilisation sera précédée d'actions et de débats un peu partout en France. Des collectifs locaux sont en train de se créer.
A la dénonciation de la politique xénophobe du gouvernement et des idées racistes s'ajoute l'exigence d'une régularisation des sans-papiers et d'un changement profond des politiques d'immigration et d'accueil.
Pour signer l'appel et pour plus d'information : http://d'ailleursnousommesdici.org/
Au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007 était créé, pour la première fois dans l’histoire de la République, un ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Co-développement. Depuis, des dizaines de milliers d’étrangers en situation irrégulière, hommes, femmes, enfants, sont traqués, arrêtés et expulsés, y compris dans un pays en guerre comme l’Afghanistan. Voulue par le chef de l’Etat, mise en œuvre par ses gouvernements successifs, le ministère de l’Intérieur aujourd’hui, et soutenue par l’UMP et ses alliés à l’Assemblée, cette politique est inacceptable car elle viole des principes humanitaires élémentaires et des dispositions internationales ratifiées par la France. A cela se sont ajoutés les effets désastreux du pseudo-débat sur l’identité nationale puis la chasse aux Roms. Pour que cesse cette situation qui porte atteinte à des droits fondamentaux, menace gravement le droit d’asile et ruine l’existence des personnes étrangères visées, nous appelons à une manifestation nationale et unitaire au mois de mai 2011, à la date anniversaire de la création du ministère de l’Immigration qui perdure aujourd’hui sous une autre forme. Nous exigeons sa suppression, l’arrêt immédiat de cette politique et la régularisation des sans-papiers.

La Grèce, un pays d'immigration qui s'ignore

La Grèce est traditionnellement un pays d'émigration. Depuis l'antiquité, avec les colonies grecques du pourtour de la Méditerranée et de la Mer noire, puis au sein de l'Empire roumain, puis byzantin, puis ottoman. Il a fallu les bouleversements qui ont suivi la première guerre mondiale pour que la population grecque se concentre sur le territoire de la Grèce actuelle, avec l'échange forcé de population avec la Turquie, les Grecs d'Asie mineure venant en Grèce tandis que les Turcs de l'est de la Grèce venaient en Turquie. Mais dans le même temps, la Grèce restant un pays pauvre, les Grecs continuent à émigrer, vers les États-unis ou vers l'Europe occidentale.
La tendance tend à s'inverser à la fin des années 70 : le développement du tourisme crée de nouvelles opportunités économiques, et de nombreux émigrés grecs reviennent au pays.
Dans les années 90, la Grèce est le pays le plus riche des Balkans, et avec la chute des régimes communistes d'Europe de l'est, des Albanais, des Bulgares, des Roumains viennent y chercher des opportunités économiques. Ils se fixent dans le pays et peuvent être considérés comme intégrés.
À partir de la fin des années 90 arrivent des Kurdes, puis dans le courant des années 2000 des Afghans, Pakistanais, Bengladeshis.
Les Kurdes sont souvent bien perçus par les Grecs, en partie à cause de leur antagonisme avec les Turcs. Leur but n'était pas de rester en Grèce, mais le travail au noir y étant très développé, ils trouvent des opportunités de petits boulots en attendant de continuer leur route.
Il y a eu des régularisations en 1997 et 2001. La dernière a eu lieu en 2005, mais a laissé un souvenir amer : les immigrés devaient payer 1500 € pour pouvoir déposer leur dossier de demande de régularisation, ils sont nombreux à ne pas avoir obtenu de titre de séjour, et beaucoup de titres de séjour de 1 an n'ont pas été renouvelés.
La situation s'est également complexifiée. Le renforcement des contrôles à l'aéroport d'Athènes et à la frontière maritime avec l'Italie a rendu plus difficile de quitter le pays. Il en va de même des autres voies d'entrée vers l'Europe, par l'Espagne et l'Italie, et les exilés venant du Maghreb et d'Afrique noire entrent maintenant majoritairement en Europe par la Grèce.
Il y a selon les estimations de 300 000 à 600 000 sans-papiers dans le pays. Il n'y a pas eu de vraie régularisation depuis 2001. Il n'y a pas de reconnaissance du droit d'asile (environ 1% des demandeurs d'asile reçoivent une réponse positive), et environ 50 000 demandeurs d'asile sont en attente de réponse (avec un titre de séjour provisoire qui depuis peu ne leur permet plus de travailler). Toute une partie de l'économie grecque repose sur l'exploitation des sans-papiers, qu'ils soient travailleurs saisonniers dans l'agriculture ou vendeurs d'objets divers dans les rues – mais aussi par la sous-location d'appartements au prix fort, la prostitution, les trafics divers dont la drogue.
La dégradation de la situation économique à partir des années 2003 – 2004 pèse bien sûr sur la situation des sans-papiers et des immigrés en général. S'il est encore difficile de voir l'impact de la crise commencée à l'automne dernier, on ne peut qu'être pessimiste. Pour les Grecs, il s'agit d'une baisse de 30% des salaires, de suppressions d'emploi dans la fonction publique, de coupes dans les budgets publics et sociaux, de mesures de dérégulation et de privatisation, de suppression du salaire minimum, et d'une politique déflationniste atteignant l'ensemble de l'économie. Et bien sûr cette politique va atteindre d'abord les plus fragiles. L'équilibre entre deux tendances est difficilement prévisible, des Grecs vont être contraints de s'orienter vers les activités économiques laissées jusqu'à présent aux étrangers, mais les Grecs peuvent aussi renouer avec leur tradition d'émigration et ont la possibilité légale d'aller travailler dans les 26 autres pays de l'Union européenne. Il est donc difficile de savoir ce qui adviendra des étrangers, s'ils seront chassés par les Grecs de leurs niches économiques ou si les Grecs iront travailler à l'étranger laissant aux immigrés leurs emplois surexploités traditionnels.
En parallèle, des luttes s'organisent. 300 travailleurs sans papiers ont fait une grève de la faim du 25 janvier au 9 mars pour une régularisation, l'obtention de permis de travail et un accueil digne. S'ils n'ont obtenu que très partiellement satisfaction, leur mouvement a permis de soulever le débat face à une opinion publique largement inconsciente du problème. Autres grèves de la faim, de demandeurs d'asile, Iraniens puis Afghans. Les premiers ont obtenu directement le statut de réfugié, les seconds simplement de rencontrer la commission chargée d'accorder ou non le statut de réfugié, parfois après dix ans d'attente.
En tout cas des gens qui sont en Grèce depuis des années, qui y ont fait leur vie, dont les enfants y sont parfois nés, et qui se lancent dans des luttes parfois désespérées pour rester. Témoins que la Grèce n'est pas seulement une porte d'entrée vers l'Union européenne, mais également une terre d'immigration.
Pour plus d'infos, le blog
http://exilesengrece.over-blog.com/

JUNGLETOUR 2011
À vélo pour les droits des exilés

Le mot «  dzangâl  », «  jungle  » en anglais, veut dire «  forêt  ». C'est le nom que les Afghans donnent aux camps de réfugiés au Pakistan, et aussi aux camps qu'ils habitent en Europe, de la Grèce au littoral de la Manche et de la Mer du Nord.
Pour la deuxième année, le Jungletour reliera à vélo différents lieux où sont présents les exilés, pour développer les liens entre les groupes et les associations qui les soutiennent, sensibiliser la population et interpeler les décideurs politiques.
Il aura lieu du 2 au 14 juillet, et reliera Bailleul (Nord) à Bruxelles, en passant notamment par Lille, Calais, Dunkerque, Ostende, Gand.
Pour plus d'informations et pour s'inscrire  :
jungletour@laposte.net
http://www.jungletour.sitew.com/
http://jungletour.over-blog.com/

Elle ne peut pas,
ou elle ne veut pas?

Récemment, la dirigeante du Front National, Marine LePen, a déclaré sur l'île de Lampadousa, aux exilés mis en cage là-bas,"L'Europe n'a pas les capacités de vous accueillir." Etrange déclaration, alors que ces personnes sont enlevées, placées et maintenues dans des centaines de prisons, et finalement déportées, le tout par un système bürokratik de contrôle des frontières payé on ne sait combien de milliards d'euros par les contribuables européens. Plus ubuesque encore, si cela est possible, les migrants qui échappent à l'esclavage bürokratik n'ont pas le droit de travailler, pour gagner leur vie et un minimum de liberté, et peut-être contribuer à la société où ils vivent. (Si qui que ce soit peut souhaiter une telle chose dans le cadre de sociétés aussi ouvertement oppressives et criminelles.)
Mme LePen a aussi déclaré, plusieurs jours avant cette arrivée à Lampadousa, qu'elle n'était pas raciste, mais qu'elle pensait que l'immigration posait un problème économique.
Il y a bien un problème économique en France et en Europe, ça s'appelle l'état capitaliste. La conséquence de ce système est d'une part un insidieux esclavage des travailleurs, et d'autre part un chômage déprimant pour quelque 2 millions de personnes, de sorte que l'on est dépendant soit du patronat lorsque l'on travaille, soit de l'état lorsque l'on touche une aide financière. Au final, très peu de personnes sont réellement libres et maîtresses de leur propre vie.
Mais, plutôt que de s'attaquer à la racine du mal, Madame LePen préfère mutiler les branches d'un arbre innocent se tenant certes sur la même terre, mais n'étant pas plus que les autres à l'origine du problème. Les migrants ne sont pour rien dans notre pauvreté et notre dépendance, puisqu'ils ne font que venir de pays lointains. Comment pourraient-ils causer le mal économique qui nous afflige?
Mme LePen suppose simplement que nous avons le meilleur système économique qui ait jamais existé, et adopte la position de la gestion de désastre, même si le système lui-même est le désastre.
Considérons la question du RSA. Il est une complainte habituelle de l'extrême droite que les migrants reçoivent le RSA tandis que des Français sont dehors sans rien. Le fait est que n'importe qui, les réfugiés comme les sans-abris, peut réclamer le RSA, et qu'à priori, il n'y a pas de raison de le refuser aux uns ou aux autres. Et il n'est pas refusé. La question est donc: est-ce que le système peut tenir. Est-ce que l'état peut le faire? Et c'est là que tombe la façade du 'je-suis-pas-raciste'.
Si l'aide financière de l'état pose un réel problème économique, au point qu'il faille faire enlever, détenir, et déporter les personnes qui pourraient en avoir besoin, alors Mme LePen devrait également proposer de déporter toute personne Française en-dessous d'un certain seuil de pauvreté, y compris l'auteur de cet article. Ou plus exactement, si Mme LePen était cohérente, et non-raciste, c'est ce qu'elle devrait demander. Mais ce n'est pas le cas, et en ceci elle prouve que sa préférence raciste est à la base de sa politique.
La question de la capacité Européenne à accueillir qui que ce soit ignore aussi complètement l'illégalité de la politique de fermeture ou de contrôle des frontières nationales ou européennes.
Comme il a été expliqué au premier numéro, les frontières de nos états, et nos états eux-mêmes, ne sont pas les résultats de la croissance naturelle et légitime des populations, ni les états leur outil collectif. Elles sont uniquement les limites de mouvement des armées aux ordres de monarques moyenâgeux, de seigneurs de guerre et d'autres despotes, cherchant à asservir des populations entières vivant sur "leur" territoire. Tels sont les criminels cinglés idolâtrés par les mouvements nationalistes de nos jours.
Certains de ces états se sont "démocratisés" au cours des siècles derniers, mais l'usurpation territoriale est tout autant dépourvue de légitimité. Le vol de la terre ne peut pas être légitimé, même si toutes les populations de la planète proclamaient à l'unanimité le contraire.
Nous sommes en France, mais la France est-elle chez nous? Clairement non. La France est plus grande que l'ensemble du peuple français pris ensemble. "T'es pas chez toi ici," ce que pourrait dire un nationaliste, devrait susciter un "Toi non plus" de la part du migrant. Et avec encore plus de conviction, parce que le premier vénère la violence et la domination, choses criminelles et détestables, tandis que le second fait usage de la liberté, chose pacifique et respectable. Le fait que le premier utilise des barges entières d'argent public pour opprimer les innocents, tandis que le second vient de loin à ses propres frais et à grand risque personnel pour se faire une vie, montre à quel point l'idéologie peut effacer la vérité, et quelle dose énorme de réalité il nous faut injecter dans les conversations actuelles sur la migration.

Le Nord Litoto se prend pour une annexe du TGI

Samedi 26 mars, un article du Nord Littoral titrait "lourdes amendes pour trois no-borders", et montre une fois de plus que notre torchon local sait tout et se permet des affirmations au delà de toutes preuves et témoignages.
BG, la charmante journaliste chargée généralement de suivre les procès du TGI de Boulogne était bien présente le mercredi 23 mars au tribunal, mais il semble qu'elle n'a pas prêté une oreille attentive à l'affaire des trois jeunes étrangers inculpés pour taguage.Il faut dire qu'elle adore papoter avec les avocats et les policiers de service et que l'acoustique de la salle d'audience est quelque peu frustrante pour qui veut suivre dans le détail les déclarations du juge, du procureur, des avocats et des inculpés.
BG commence son article en parlant de 30 maisons particulières taguées, en la seule soirée du 15 novembre.
Ne s'étonne-t-elle pas que seuls trois "particuliers" aient déposé plainte?
Ignore-t-elle que des policiers ont pourtant fourni beaucoup d'efforts en tapant aux portes des quelques maisons dégradées pour inciter leurs propriétaire à déposer plainte contre trois jeunes "Parfaitement signalés à la patrouille au travers de leur tenue vestimentaire" ?
A-t-elle entendu l'avocate signaler que ce "parfait signalement" avait été donné par un appel téléphonique anonyme et qu'il n'y a eu aucun témoin ni flagrant délit ?
N'a-t-elle pas vu que la majorité des inscriptions sont sur des murs municipaux ou des friches ?
Et pense-t- elle vraiment que 30 tags multicolores peuvent être fait en une seule soirée ?
L'anecdote des traces de peinture dans la moustache d'un des inculpés lui a tant plu qu'elle a oublié de noter que les traces retrouvées sur eux étaient roses, ainsi que la bombe de peinture qu'ils transportaient, alors qu'on les accuse d'avoir écrit en bleu, vert, orange...
N'a-t-elle pas non plus entendu l'avocate citer les échantillons d'écritures prises lors de la garde à vue qui ne correspondent pas aux peintures ?
Le choix du titre démontre aussi une grande impartialité.Aucun de ces trois jeunes n'a déclaré appartenir à la mouvance No Border.
Un  migrant éthiopien attendant de passer en Angleterre, un anglais bloqué à Calais pour la quarantaine de son chien, une étudiante allemande venue visiter la côte...
habillés comme tous les jeunes, avec des pulls à capuche...
Cela suffit à madame BG pour les cataloguer No Border.
Madame le substitue du procureur, quant à elle, n'a même pas prononcé le mot No Border lors du procès.
Mais BG a sans doute raté une vocation de voyante.
Le juge David a prononcé un verdict allant au delà de la demande du procureur.
1500 euros pour chacun, alors qu'ils sont clairement insolvables et qu'aucune preuve formelle ne les accuse, ni témoins, ni aveux.
Nous ne cautionnons pas la dégradation de maisons  mais le jugement nous a semblé bien rapide et les conclusions de l'article du nord littoral trop plein de certitudes.
Nous vous invitons tous à venir voir de véritables tags NoBorders au squat de la friche Thélu, rue Descartes.
Les africains de plusieurs nationalités qui y vivent aiment les visites quand il ne s'agit pas des agents de la PAF ou des CRS dont nous ne cesserons de dénoncer la violence et l'inhumanité. 
 

Crimes nécessaires au contrôle des frontières, avril 
2011

Depuis février dernier, nous publions chaque mois un récapitulatif des actes commis par les forces du désordre pour donner une réalité aux frontières. Ces actes sont des délits et des crimes, parce que la liberté est un droit inaliénable qui ne peut pas être mis en parenthèse pour une catégorie de la population. Les migrants sont dans leur droit en se trouvant en France sans papiers. Ce sont les français qui outrepassent leur droit en établissant ce système bürokratik de contrôle. Un pays n'est pas une maison, et la France, ce n'est pas "chez" le FN, ni même "chez" les français. Les français sont en France, pas l'inverse.
Recensées du 25 février au 10 avril, au moins 299 affaires d'enlèvement et de séquestration, 8 affaires de destruction de biens privés, 10 affaires d'agression physique, 5 affaires d'agression verbale, 1 affaire de pulvérisation de gaz au poivre, 23 affaires de harcèlement moral, 2 affaires de tentative de vol, 1 affaire de vol, 5 affaires de contrôle au faciès.
Revenons plus en détail sur plusieurs épisodes du mois dernier.
Des enfants ont attaqué Palestine House à plusieurs reprises, en lançant des cailloux sur les gens, et en criant des slogans insultants et racistes. Plusieurs militant(e)s ont été violenté(e)s et insulté(e)s, notamment par des CRS imaginant qu'ils ne parlent pas français, et que c'est donc entrée gratuite pour l'abus verbal et l'insulte des personnes. L'intérieur d'Africa House a été détruit au bulldozer, les chambres détruites, les affaires et les papiers perdus dans des montagnes de décombres, le tout au nom de la sécurité des personnes. Des roues de vélo ont été volées, percées, et tordues, certaines en pleine vue des résidents, par des officiers de la PAF. Une caméra a été sérieusement endommagée par une policière de la PAF qui ne voulaient plus être filmée. Des poursuites ont été entamées contre une militante pour avoir refusé de se laisser prendre ses empreintes. Un militant a été forcé, manu militari, sans jugement, de donner ses empreintes, par des officiers de la PAF. A plusieurs reprises, des contrôles d'identité ont été menés, lors desquels la couleur de la peau déterminait ceux qui étaient contrôlés, que ce soit les militants dans les squats, ou les migrants dans les rues, ou les 4B, le grand centre commercial du centre-ville.
Soutien

Le 31 mars, la police a évacué l'ancienne usine Thélu, à Calais, qui sert de refuge à des migrants principalement d'Afrique de l'Est, Soudan et Érythrée. Un bulldozer et une pelleteuse sont alors entrés en action, détruisant l'intérieur des hangars, notamment les pièces qui servaient autrefois de bureau et où les migrants pouvaient dormir à l'abri du froid.
Intrusion sans mandat dans un lieu qui constitue le domicile des personnes qui y habitent, destruction sans jugement de ce domicile, destruction des effets personnels, destruction d'éléments de façade sans permis de démolir (voir les images sur http://www.flickr.com/photos/61285482@N05/ ) : comme souvent à Calais, on ne s'encombre pas de légalité lorsqu'il s'agit de chasser les migrants.
Le site est propriété de l'Office Public de l'Habitat de Calais, qui doit y construire un futur « écoquartier ». Il y a quelques semaines l'OPH a porté plainte contre les migrants pour occupation illégale du lieu, dont certains doivent passer en procès en juin.
La présidente de l'OPH est Michèle Courmont, conseillère municipale MODEM de Calais.
Nous vous proposons d'interpeler Michèle Courmont pour lui dire votre indignation quant aux destructions du 31 mars, demander que l'OPH abandonne sa plainte contre les migrants, et qu'il renonce à toute destruction ou évacuation sans relogement.
On peut lui envoyer un message par facebook :
http://fr-fr.facebook.com/people/Michele-Courmont/1235076505
 
Nous vous proposons également d'interpeler le MODEM sur le comportement de son élue :
MODEM Pas-de-Calais : modempasdecalais@gmail.com
MODEM national : formulaire sur :
http://soutien.bayrou.fr/contact.php
 
Proposition de lettre à Michèle Courmont : « Madame la présidente, je suis indigné-e par la destruction sans jugement des espaces qui servaient à la fois d'abri et de domicile à des migrants dans l'ancienne usine Tellu, qui s'est accompagnée de la destruction d'une partie de leurs affaires personnelles. Je suis aussi indigné par les poursuites que l'OPH a intenté contre certains d'entre eux, qui vont passer en procès en juin pour s'être abrités dans cette ancienne usine. Je vous demande de faire cesser cette procédure et d'abandonner sans attendre toute poursuite à leur encontre. »
Proposition de lettre au MODEM : « Je suis indigné-e que l'OPH de Calais, présidé Mme Michèle Courmont, élue municipale du MODEM, ait fait détruire sans jugement les espaces qui servaient à la fois d'abri et de domicile à des migrants dans une ancienne usine, ce qui s'est accompagné de la destruction d'une partie de leurs affaires personnelles. Je suis aussi indigné que l'OPH poursuive en justice certains des migrants qui ont trouvé refuge dans ce bâtiment. Est-ce la vision que votre formation politique a de l'humanité ? »

Calais Migrant Solidarity est un groupe transnational de militants qui apportent un soutien journalier aux migrants en difficulté, à travers de la surveillance policière, des rondes et des veilles autour des squats, jungles et campements, des donations de vêtements, des leçons d'anglais et de français, et d'autres actes de solidarité. Il y a grand besoin de Calaisiens! Prenez contact en envoyant un email à calaisolidarity@gmail.com Tenez vous au courant en visitant le blog:http://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/fr